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Le désherbage en production biologique de betterave

C’est l’étape de l’itinéraire technique la plus importante pour la culture biologique de la betterave. Un échec lors du désherbage peut compromettre la récolte de la parcelle. En effet, la betterave est particulièrement sensible à la concurrence des adventices depuis la levée jusqu’au stade de couverture du sol.

En conduite biologique, il est nécessaire de travailler mécaniquement sur toute la surface de la parcelle, à des stades précoces des betteraves.
La gestion des adventices ne doit pas se limiter à la multiplication d’interventions mécaniques et manuelles, elle doit aussi mobiliser des leviers agronomiques :

  • Soigner l’implantation de la culture afin d’obtenir une levée rapide et homogène. Une préparation rappuyée et nivelée facilitera le travail des outils de désherbage mécanique. 
  • Eliminer les adventices les plus difficiles à détruire (vivaces) par le travail du sol profond en interculture. Dans la mesure du possible il est recommandé de ne pas implanter la betterave dans les situations où la présence de vivaces est généralisée, et où la pression en adventices est particulièrement élevée.
  • Utiliser une variété tolérante aux nématodes à kystes dans les parcelles où ce ravageur a été identifié. Cela permettra d’éviter des zones moins couvertes par le feuillage qui seront favorables aux levées d’adventices en été.

L’itinéraire de désherbage en culture biologique

Il est primordial d’intervenir le plus tôt possible car la principale difficulté en betterave biologique est de gérer les adventices sur le rang de betterave.

Première action de désherbage : la technique du faux semis

La technique du faux semis est un levier pour la gestion des adventices dans le cadre de la culture de la betterave biologique. Elle va permettre de réduire la quantité de levées d’adventices dans la culture semée.
La technique du faux semis consiste à alterner différents passages d’outil. Ces opérations doivent être réalisées avec les outils couramment employés pour la préparation de sol. Ils permettront la destruction des adventices levées et l'utilisation d'organes de ré-appui provoqueront de nouvelles levées d’adventices tout en limitant l'assèchement du lit de semences. Le premier passage peut être un peu plus profond que le second.

Des passages de herse étrille, permettant un meilleur débit de chantier, peuvent potentiellement être réalisés entre deux passages d'outils de préparation de sol dans des situations bien précises où des pluies sont prévues dans les jours qui suivent. La herse étrille permettra alors de détruire les adventices déjà germées ou levées. 

Dans tous les cas, l’opération précédant le semis, devra être réalisée avec les outils classiques de préparation du lit de semences. Mais même avec ces précautions, l’assèchement du lit de semences reste possible.

Comme le montre cette expérience effectuée à Liesse Notre Dame dans l’Aisne en 2019, les passages de différents outils permettent le jour de la préparation, le 17 avril, d’avoir réduit le stock de graines qui pourraient potentiellement lever dans la culture. La durée entre la première intervention de préparation et la dernière est pratiquement de deux mois avec trois passages d’outils pendant l’intervalle.

Deuxième action de désherbage : les interventions après semis

En prélevée :

L’opération est assez délicate mais permet avec un passage après le semis d’une herse étrille (avec réglage des dents par ressort), de détruire les adventices au stade « fil blanc » avant que les betteraves ne commencent à lever.
Toutefois, cette pratique requiert beaucoup de soins pour être réussie :

  • La préparation de sol doit être correctement nivelée et rappuyée de manière à réaliser un semis de « qualité » avec une profondeur constante et une levée homogène.
  • Une observation attentive de l’état de germination est obligatoire pour ne pas casser les plantules en cours de levée et pénaliser la population.

Cette technique peut avoir des résultats hétérogènes ou ne pas être possible en fonction de la vitesse de levée des betteraves. L’efficacité du désherbage avec cette technique reste très aléatoire. La non maîtrise de la quantité de terre que l’on remet sur le rang peut également générer des hétérogénéités de levée.

En post-levée :

Pour les premières interventions, la herse étrille avec réglages des dents par ressort est à privilégier. Avec des réglages appropriés, elle va permettre un bon compromis entre efficacité et sélectivité. Les passages seront envisagés dès que possible, avec toujours un test de sélectivité au champ avant d'engager le travail sur toute la parcelle.  
En bio, il est nécessaire d’être réactif pour ces premières interventions : elles sont primordiales pour la suite du désherbage. Il faudra intervenir à la moindre « fenêtre » climatique. 
Le passage répété d’une bineuse (avec moulinets quand c’est possible) est nécessaire pour maintenir une culture sans adventices trop développées. L’utilisation de protège plants lors des premiers passages est nécessaire afin de protéger la culture.

Troisième action de désherbage : le désherbage manuel

Malgré tous les efforts effectués pour permettre un bon désherbage en préventif ou sur la culture en place, il est nécessaire d’avoir recours au désherbage manuel pour la gestion du salissement dans le rang. Cette opération doit, si possible, être effectuée lorsque les adventices ne sont pas trop développées, souvent lorsque les betteraves sont au stade 6-10 feuilles.
Des expérimentations effectuées ces deux dernières années montrent qu’il faut entre une dizaine et jusqu’à plus de 100 heures par hectare de désherbage manuel pour obtenir une parcelle propre, en fonction des techniques de désherbage mécanique et de l’infestation initiale de la parcelle. D’autres techniques d’implantations peuvent permettre de réduire cette charge de travail. 

Les différents matériels de désherbage mécanique en betterave

L’exploitation doit disposer du matériel de désherbage mécanique adapté avant de se lancer dans la production de betterave biologique. La herse étrille et la bineuse sont les deux outils principaux. 
Les passages mécaniques exigent un bon nivellement du sol et l'efficacité des interventions est largement tributaire des conditions météorologiques.
L’élément principal pour un bon désherbage en culture biologique est d’intervenir sur des adventices qui sont au stade « fil blanc » ou cotylédons notamment sur le rang où il n’y aura pas de rattrapage possible à part du désherbage manuel. Elles sont très peu efficaces sur les adventices vivaces et les graminées.
Les différents outils de désherbage mécanique sont repris dans cet article. Le tableau ci-dessous est une adaptation de celui édité par le groupe technique régional du plan bio Hauts-de-France et l’ITB. Il indique leurs efficacités et sélectivités selon le stade des betteraves. 
Ce tableau est donné à titre indicatif. Les niveaux d’efficacité et de sélectivité vont dépendre, entre autres, des réglages du matériel, de la vitesse et des conditions de la parcelle au moment de l’intervention. Il est nécessaire de tester les outils au champ, afin d’intervenir le plus tôt possible avec un compromis sélectivité/efficacité satisfaisant pour de la production biologique.

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