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L’implantation, un levier important pour le désherbage de la betterave bio

L’ITB a testé dans ses essais plusieurs stratégies d’implantation de la betterave dans l’objectif d’obtenir une bonne maîtrise des adventices et, in fine, de limiter au maximum le recours au désherbage manuel. La difficulté, sans avoir recours à la chimie, est de gérer les adventices intra-rang.

L’ITB donne dans l’article « Les clés pour réussir le semis » ses principaux conseils pour le semis des betteraves. Cependant, la production biologique soulève de nouveaux défis, dont la gestion des adventices sans avoir recours à des solutions phytosanitaires. Le mode d'implantation peut y contribuer. L’ITB et ses partenaires testent dans leurs essais plusieurs techniques dans l’objectif d’obtenir une bonne maîtrise des adventices tout en limitant au maximum le recours au désherbage manuel.

Le semis sous bâche

Le semis des betteraves sous bâche noire permet de limiter le salissement, et d’accélérer le développement végétatif des betteraves grâce au réchauffement du lit de semences.

La gestion des adventices se résume alors à la réalisation de binages dans les inter-bâches, et à des passages manuels pour détruire les adventices présentes au niveau des betteraves. En effet, les trous dans la bâche faisant un certain diamètre, ils laissent aussi la place au développement des adventices. 
Cette technique a aussi un coût : une prestation de semis, sans compter le prix des semences, se chiffre à environ 1 380 €/ha. Une bineuse spécifique, proposée par le prestataire du semis sous bâche, peut intervenir pour un coût d’environ 100 €/ha par passage.

Le recours au robot Farmdroid

Ce robot électrique est entièrement autonome grâce à ces panneaux solaires et des batteries. Lors de la mise en place de la parcelle, l’agriculteur enregistre les quatre coins de la parcelle et le robot établit son plan de circulation. Il a la particularité de travailler essentiellement grâce au GPS RTK : lors du semis, la position de chaque graine est référencée. Le désherbage mécanique sur le rang est réalisé par le même robot avec des lames qui s’escamotent à chaque plante grâce à la position GPS enregistrée au semis. Le robot a été développé en particulier pour la culture de betterave sucrière mais il est désormais possible de l’utiliser sur d’autres cultures telles que la chicorée, le colza ou les oignons.
L’efficacité et la sélectivité des interventions mécaniques dans le rang sont satisfaisantes, à condition d’intervenir, au plus tard, sur des adventices au stade cotylédons ou première feuille, et donc d’avoir des fenêtres climatiques propices suffisamment longues au regard du faible débit de chantier du robot (4-5 ha/jour).
Afin d’obtenir une maitrise du salissement satisfaisante, il est nécessaire d’envisager un relai avec du désherbage manuel. Les adventices très proches des betteraves ne sont pas atteintes par le robot, et des adventices trop développées au moment de certaines interventions peuvent ne pas avoir été détruites.
Le coût du robot est d’environ 100 000 €, tout compris, avec le chariot de transport. La surface qui peut être gérée par le robot sur une campagne donnée est estimée autour de 20 ha.

Le repiquage de plants

Une première stratégie testée a été le repiquage de plants au stade 4-6 feuilles.


Plants de betterave sur repiqueuse

L’intérêt de cette technique est de pouvoir intervenir rapidement après le repiquage pour désherber mécaniquement. Le plant est à un stade de développement permettant un passage de herse étrille avec réglage de la pression à la dent. L’intervention en plein profite d'une avance de développement des betteraves par rapport aux adventices. Elle assure une bonne efficacité et une bonne sélectivité des passages mécaniques. Dans les essais conduits par l’ITB avec ce type d’implantation, la maîtrise du désherbage a été satisfaisante avec un recours au désherbage manuel inférieur à 15h/ha. Du fait du stade avancé des plants repiqués, ce mode d’implantation présente aussi l’avantage, loin d’être négligeable, de limiter les dégâts de ravageurs souterrains : de nombreuses parcelles en production biologique subissent ces dégâts qui dégradent le potentiel de production, voire conduisent au retournement de la parcelle. 


Passage de herse étrille avec réglage de la pression à la dent, 10 jours après le repiquage

Cependant, selon la repiqueuse employée, la main d'œuvre à mobiliser peut être conséquente, et le débit de chantier, plus ou moins lent. A titre d’exemple, pour une repiqueuse 4 rangs, 6 personnes au minimum doivent être mobilisées : une personne pour chaque rang, une personne pour approvisionner la repiqueuse et un conducteur. Le débit de chantier avec ce type de machine est d'environ un hectare par jour. Des repiqueuses automatiques, ou ne nécessitant qu'une seule personne pour l'approvisionnement de deux rangs, réduisent le poste main d'œuvre, et augmentent le débit de chantier. 


Chantier de repiquage

Le coût des plants doit être pris en considération : il faut compter 1 800€/ha pour une densité de 60 000 plants/ha. Avec une betterave repiquée qui a tendance à mal pivoter, le niveau de production peut décevoir par rapport au potentiel espéré. 
De plus, dans des conditions très sèches, le repiquage peut échouer. Compte tenu du prix des plants, il est préférable d’avoir la capacité d’irriguer si cela s’avère nécessaire, au risque sinon de perdre un investissement conséquent.
La technique reste donc perfectible, dans sa configuration actuelle son intérêt économique est encore à démontrer. Des pistes de travail, comme la réduction du nombre de plants repiqués, sont à l’étude pour améliorer la qualité de repiquage, augmenter le débit de chantier, et réduire le coût d’achat des plants.

Semer pour biner intégralement

Une autre piste travaillée est le semis permettant un alignement des betteraves perpendiculairement à la direction du semis. Ceci est rendu possible avec la technologie Geoseed 2 de la marque Kverneland. 


Parcelle semée avec la technologie Geoseed 2 de Kverneland

L’intérêt est de pouvoir biner perpendiculairement à la direction de semis et donc de gérer une partie des adventices présentes dans le rang de betteraves. Grâce à cette technique, environ 90% de la parcelle est binée. Il ne restera à gérer manuellement que les adventices situées aux pieds des betteraves et éventuellement dans les espaces laissés nus par des betteraves détruites.

L’espacement doit être adapté à la bineuse disponible sur l’exploitation. Le réduire présente l’avantage d’augmenter la population semée, mais augmente la difficulté pour la réalisation du binage en perpendiculaire.

En effet, comme toute technique, l’imprécision est à prendre en compte, et un alignement parfait des betteraves n’est jamais vraiment obtenu. Il sera ainsi plus facile de passer dans un espacement de 45 cm que dans un espacement très réduit. Sur une parcelle conduite en Champagne, un espacement de 22 cm a été testé. Le binage en perpendiculaire a été très compliqué à guider, même à vitesse réduite à moins de 2 km/h, et la fermeture rapide du rang n'autorise qu'un seul passage. Dans tous les cas, un alignement des pièces travaillantes sur la bineuse pour l’intervention en perpendiculaire permet de limiter les pertes de pieds.
Comme la réussite est conditionnée par le bon alignement des betteraves, le signal GPS doit être excellent et sans interruption, l’idéal étant d’avoir une balise mobile au coin du champ.
Une étape nécessaire est de vérifier en début de passage de semoir l’alignement des graines semées. Si un décalage est constaté il est reporté sur la console. Pour maximiser la qualité d’alignement, il est conseillé de semer en planches.

 
Semer en planches permet de maximiser les chances d'alignement

Bilan partiel sur les techniques présentées

Le tableau suivant résume une évaluation qualitative des techniques présentées ci-dessus. Le choix parmi l’une d’entre elles peut aussi se faire selon les opportunités de prestations ou de disponibilités de matériel localement, et selon les disponibilités de main d’œuvre au cours de la saison.

  Points positifsPoints négatifs
Semis sous bâche 
  • Prestation de semis : env. 1 380 €/ha (semences non incluses)
  • Env. 100 €/ha par passage pour l’intervention d’une bineuse spécifique
 
 
  • Avance de végétation
  • Recours moindre au désherbage manuel : gestion tout de même nécessaire aux pieds des betteraves et aux trous sans betteraves
 
 
  • Coût de mise en œuvre
  • Mise en terre des graines pas toujours homogène
 
Robot Farmdroid 
  • Env. 100 000 € à l’achat pour gérer 20 ha/an
 
 
  • Robot autonome
  • Remplit à la fois la fonction de semis et désherbage
  • Recours moindre au désherbage manuel : gestion tout de même nécessaire aux pieds des betteraves
  • Bonne efficacité et sélectivité dans le rang et l’inter-rang
 
 
  • Coût de l’investissement
  • Débit de chantier lent (4-5 ha/jour)
 
Repiquage 
  • Plants : env. 1 800 €/ha pour 60 000 plants/ha
  • + le matériel et la main d’œuvre, variables selon le matériel de repiquage
 
 
  • Avance de végétation
  • Recours moindre, voire nul, au désherbage manuel, grâce à l’efficacité des interventions précoces
  • Tolérance aux ravageurs souterrains
 
 
  • Coût de mise en œuvre, débit de chantier lent
  • Risque d’échec en conditions très sèches, s’il est impossible d’irriguer
  • Productivité souvent décevante par rapport au potentiel espéré du fait de betteraves fourchues
 
Semis pour binage intégral 
  • Prestation de semis : env. 100 €/ha (semences non incluses)
 
 
  • Recours moindre au désherbage manuel grâce au binage perpendiculaire à la direction de semis, mais gestion nécessaire aux pieds des betteraves
  • Coût de mise en œuvre raisonnable
 
 
  • Alignement des betteraves difficile à obtenir
  • Population semée potentiellement moindre
 

 

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Agrément conseil de l’ITB à l’utilisation des produits phytosanitaires n° 7500002.
Le portail EcophytoPIC recense les techniques alternatives à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques.


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