L'ITB a testé cette année la technologie de pulvérisation par assistance d'air d'Hardi (rampe Twin Force) qui a déjà fait ses preuve dans la réduction de la dérive. L'un des objectifs de cette expérimentation est de mesurer si le flux d'air généré par le coussin d'air présent dans la rampe permet de mieux exposer les faces inférieures des betteraves aux produits appliqués, facteur important d'efficacité pour atteindre des pucerons cachés sous les limbes, lesquels sont souvent partiellement enroulés. Éléments de réponse avec l'expérimentation détaillée ci-dessous.

4 modalités différentes avec un marqueur à l'argile

L'expérimentation a eu lieu dans l'Aisne (Barenton-Bugny) début mai sur des betteraves au stade moyen de 6 feuilles. 4 modalités ont été testées, sur une largeur de rampe de pulvérisateur chacune : sans assistance d'air (témoin), assistance d'air avec inclinaison de la rampe à 0°, assistance d'air avec inclinaison de la rampe vers l'avant, et assistance d'air avec inclinaison de la rampe vers l'arrière. 

^{Résumé des 4 modalités}

Un mélange d'argile et d'eau a été utilisé comme marqueur pour visualiser les gouttes qui vont atteindre les feuilles. 

Juste après le passage du pulvérisateur, 4 placettes (2 rangs x 1 mètre) ont été définies aléatoirement dans chaque modalité et toutes les betteraves y ont été prélevées pour l'analyse de recouvrement des feuilles.

Les deux faces de betteraves ont été prises en photo puis analysées à l'aide du logiciel d'analyse d'image ImageJ (méthode de seuillage pour discriminer le blanc de l'argile du vert des feuilles) afin de déterminer le taux de recouvrement de l'argile sur les feuilles. Au total, ce sont plus de 2375 feuilles (face supérieure et inférieure) qui ont été analysées pour les 4 modalités. 

^{Exemple d'analyse d'image pour une feuille de betterave (©ImageJ)}

Pas d'effets sur les faces inférieures avec un flux d'air important

Les résultats pour les 4 modalités sont disponibles ci-dessous.

^{Pourcentage de recouvrement de l'argile pour les 4 modalités et les 2 faces des feuilles}

Pour la face inférieure qui nous intéresse le plus, les résultats de recouvrement de l'argile sont moins bons, en relatif, pour les 3 modalités avec air que la modalité témoin (pulvérisation classique). Le flux d'air aurait donc plutôt tendance a réduire la surface foliaire exposée aux produits appliqués (et ce quelle que soit l'orientation du flux). Pour les faces supérieures, pas de différences entre le témoin et la modalité 2 et 3. Seule la modalité 4 affiche un taux de recouvrement plus faible pour cette face, montrant que ce réglage n'est pas adapté pour les produits de contact. 

Éléments d'interprétation et perspectives de l'expérimentation 

Le flux d'air généré, au lieu d'exposer au mieux les faces inférieures, doit avoir tendance à soit plaquer les feuilles davantage au sol, soit à recroqueviller la betterave sur elle même limitant aussi le contact avec le produit appliqué.  

Les résultats de cette expérimentation restent à confirmer sur les mêmes stades et sur des stades plus précoces des betteraves (2 feuilles). De plus, le traitement avait été effectué à 150 l/ha en raison des buses qui équipaient le pulvérisateur. Un test à 300 l/ha, le plus souvent recommandé pour les produits de biocontrôle, sera également réalisé. Enfin, le constructeur de la rampe de pulvérisation indique que le flux d'air était certainement trop important au regard du stade des betteraves, un flux d'une intensité plus faible serait plus pertinent à tester. Donc, à suivre...