Article co-écrit avec Yannis Nio et Jean-Christophe Simon (Inrae)
Depuis plusieurs années, les équipes de l'Inrae organisent des "tournées" pucerons et/ou réservoirs avec l'ITB. Cela consiste à récolter des pucerons ou des espèces de plantes potentiellement réservoirs de virus ou de pucerons, pour ensuite les analyser au laboratoire. Cette année, les équipes se retrouvent pendant une semaine complète pour échantillonner des pucerons Myzus persicae et Aphis fabae. Le programme est chargé : Eure-et-Loir, Loiret, Aisne, Somme et enfin Normandie ; la quasi-totalité des régions betteravières sera passée au peigne fin.
L'organisation est la suivante : les équipes se rejoignent sur une parcelle de betteraves qui a déjà été touchée par la jaunisse en 2024. Ensuite, les équipes s'écartent dans un périmètre défini autour de la parcelle afin de capturer les pucerons trouvés sur des plantes cultivées ou non cultivées avoisinantes, comme le colza, la moutarde, la phacélie, les cordons de déterrage, ou toute autre plante trouvée en bord de champ. L'objectif est d'échantillonner une trentaine de pucerons sur un même lieu et sur une même plante. Ils sont ensuite mis dans des tubes d'alcool pour conserver l'ADN.
Les premières observations montrent des populations de pucerons faibles par rapport aux années précédentes :
- Quelques pucerons Myzus persicae aptères sur des betteraves porte-graines en Beauce, et des ailés sur une parcelle de betteraves sucrières dans le Loiret ;
- Quelques pucerons Aphis fabae ailés en Beauce et dans l'Aisne ;
- Sur les autres cultures (colza, féverole) et tas de déterrage, très peu de pucerons observés.
A l'issue de cette semaine, les échantillons sont amenés à Rennes auprès des experts en détermination morphologique pour identifier et séparer les espèces de pucerons. Une fois les déterminations réalisées, les pucerons Myzus persicae et Aphis fabae sont génotypés pour identifier les différents clones des deux espèces qui colonisent les betteraves. Cela sert à évaluer la dynamique spatiotemporelle (où ils se situent avant d’atterrir sur les betteraves, à quelle période) et à déterminer leur préférence vis-à-vis des plantes hôtes. La finalité de ces recherches est de découvrir les plantes réservoirs de pucerons et de mieux conseiller les agriculteurs sur la gestion des réservoirs.