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Sécheresse 2022 : état des lieux et prévisions

Très peu de précipitations ont touché la zone betteravière cet été alors que les épisodes caniculaires se sont succédé. L'ITB dresse le bilan :

Mise à jour de septembre

Septembre marque le retour des pluies avec des précipitations très variables localement : de 30 mm à plus de 100 mm en bordure maritime dans le Nord. Cette eau a pénétré relativement facilement dans les sols et a permis la reprise de croissance des betteraves. De nouvelles feuilles sont apparues mais la richesse a chuté, ce qui impacte les premières livraisons.

La perte de feuilles se poursuit, à la rentrée, sur parcelles non irriguées (en rouge). Illustration réalisée à partir des données satellite Sentinel 2 sur des parcelles du Loiret. Le NDVI est un indicateur de la biomasse foliaire.

Ce retour des pluies signe aussi la reprise de développement des maladies foliaires, et plus particulièrement de la cercosporiose. Seules les variétés tolérantes restent indemnes de la maladie.

Au niveau des arrachages, les précipitations ont ameubli la terre, ce qui est un facteur facilitant mais la forte présence d’adventices (chénopodes, renouées des oiseaux et liserons) perturbe fortement, cette année, les opérations. Pour de nombreuses parcelles, il est conseillé de broyer les adventices et les feuilles de betteraves la veille de l’arrachage.

Le rendement de la betterave industrielle est estimé à 832,3 q/ha pour 2022 par le Ministère de l’agriculture (Bulletin Agreste Conjoncture de septembre 2022). La production de betterave serait de 33,3 Mt, en baisse de 3,0 % par rapport à 2021.
 

Mise à jour du 31 août

Le déficit hydrique perdure sur la grande majorité du territoire. Les quelques pluies de la dernière quinzaine n’ont pas permis de maintenir le volume de feuilles qui continue de diminuer et de se dessécher, particulièrement dans les sols superficiels. Les fortes températures accentuent la senescence et provoquent ponctuellement des brulures.
Le stress hydrique reste amplifié par la présence de nombreuses adventices (chénopodes, renouées…) qui sont rentrées en concurrence pour l’eau avec la betterave. Les bilans désherbage de l’ITB indiquent un salissement historique (2è année la plus critique depuis 10 ans – salissement proche de celui de 2016).
Dans ces conditions, teignes et rhizopus sont présents cette année.

Depuis le dernier état des lieux de l’ITB, la progression de rendement s’est essentiellement faite par la richesse. A ce jour, pour la prochaine quinzaine, peu de pluies sont annoncées sur la zone betteravière et les températures resteraient globalement élevées. Compte tenu de ces prévisions météo, il est peu probable que la progression en rendement sucre continue sur la majorité des parcelles (risque de passer sous la moyenne 5 ans). De plus, des difficultés mécaniques sont à craindre pour les premiers arrachages.
D’ici le 5 septembre, la probabilité d’avoir des pluies supérieures à 10 mm reste modérée dans la zone nord de la France (probabilité de 50 à 70 %). 

Pour les zones où des orages ou pluies éparses sont annoncées début septembre (Somme, Oise…), une perte de productivité (chute de richesse) est à craindre pour les récoltes précoces, mais ces précipitations pourraient être bénéfiques pour les récoltes tardives.
 


État de la végétation au 1er août

La majorité des parcelles sont non irriguées, et font face à des conditions particulièrement sèches et chaudes depuis la fin du printemps et le début d'été.

La majorité des betteraves sur le territoire bénéficient cette année d'une bonne implantation et d’un bon enracinement, ce qui leur permet, dans une certaine mesure et à cette date, de bien supporter ces conditions. Globalement, les quelques précipitations de cet été n'ont cependant pas été suffisantes pour répondre au besoin des betteraves : le bouquet foliaire est dans la plupart des cas flétri et diminué, et les sols très durs. Le volume de feuilles reste correct dans l’Amiénois, l’ouest de la Somme, les Hauts de France et la Champagne. Et certains secteurs ont bénéficié de pluies orageuses en juillet. 

Perte de feuilles observée en juillet sur des parcelles non irriguées (en rouge) et maintien du bouquet foliaire sur des parcelles irriguées (en bleu). Illustration réalisée à partir des données satellite Sentinel 2 sur des parcelles du Loiret. Le NDVI est un indicateur de la biomasse foliaire.

Les parcelles qui ont pu bénéficier d'irrigation (7 % de la sole betteravière) ont généralement un niveau de développement correct, même si les tours d'eau ne sont pas suffisants pour compenser les valeurs élevées d’ETP et maintenir la réserve en eau au-dessus de la réserve de survie.

 

Bilan hydrique Irribet sur la station d’Orléans. Malgré 5 tours d’eau, le niveau de l’eau disponible pour la betterave reste au-dessous de la réserve de survie en raison de la pluviométrie très faible et de l’ETP proche de 7 mm.

Un niveau de stress très dépendant du type de sol

Dans la majorité des zones, le développement de la betterave est donc ralenti. Les terres sableuses et argileuses sont les plus impactées, le flétrissement du feuillage y est le plus important et l'eau n'est plus accessible pour la betterave. Les sols argileux et argilo-calcaires étaient déjà les plus touchés par la sécheresse du printemps (voir bilan du 10 mai).

Impact sur le rendement au 1er août

Les sols superficiels non irrigués qui sont en situation de stress hydrique depuis le mois de mai auront le rendement le plus impacté. Les terres profondes, qui constituent l’essentiel des parcelles betteravières et les parcelles irriguées conservent une croissance correcte à ce jour. 

Parcelle en limon profond non irriguée (département 77)Parcelle en terre argilo-calcaire superficielle non irriguée (département 77)

Les prélèvements de début août montrent un poids des racines correct ou légèrement inférieur à la moyenne à 5 ans et une richesse élevée. Toutefois de nombreuses parcelles sont sales (chénopodes, renouées des oiseaux et liserons), ce qui accentue le stress hydrique pour la betterave et impactera le rendement.

Quoiqu’il en soit, les conditions météorologiques des prochaines semaines seront déterminantes. De nouveaux prélèvements seront effectués mi-août. Couplés aux prévisions météorologiques, ils permettront d’affiner les estimations sur l’impact de la sécheresse.

  • Une absence de précipitations d'ici la récolte empêcherait les chantiers d'arrachages.
  • Des pluies fin août et début septembre permettraient de relancer la végétation et le développement racinaire, mais entraîneraient une baisse de richesse.

Rappel des recommandations en matière d'irrigation

L'ITB met à disposition des agriculteurs Irribet, un OAD qui indique à quel moment l’irrigation est nécessaire à partir des données météorologiques de pluviométrie et d’évapotranspiration (données Météo France), de la réserve utile du sol, et des dates de semis, levée et couverture foliaire de votre parcelle.

Depuis de nombreuses années l'ITB mène des expérimentations sur l'irrigation en région Centre-Val de Loire. Les résultats pluriannuels montrent qu’un arrêt des tours d’eau au 15 août est la plupart du temps judicieux. Passée cette date, sur une culture correctement irriguée en juin, juillet et début août, avec un retour des pluies dès fin août / début septembre, ces tours d’eau génèrent une perte économique.

Les seules rares années où les tours d’eau tardifs ont pu être valorisés sont celles où il n’y a pas eu de pluies significatives fin août/début septembre.

Dans le cadre du projet Strat'Eau, l'ITB travaille sur le développement d'un conseil en stratégie d’irrigation extrapolé à des situations diversifiées (selon les contextes agro-pédo-climatiques). Cela devrait donner lieu à la mise à disposition d'un outil pédagogique destiné aux agriculteurs à l'horizon 2024.

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Agrément conseil de l’ITB à l’utilisation des produits phytosanitaires n° 7500002.
Le portail EcophytoPIC recense les techniques alternatives à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques.


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