Article co-rédigé par Anabelle Laurent et David Makowski, INRAE
Pour réaliser cette étude, l’ITB a mis à disposition les données de 35 essais (sites-années) réalisés sur cinq ans de 2018 à 2022. Un modèle statistique à effet mixte a été ajusté, capable de prendre en compte la variabilité de l'effet du traitement entre les sites-années, l’évolution temporelle du nombre de pucerons verts et l’application éventuelle d’adjuvants.
Les résultats montrent que les différents produits testés offrent des niveaux d’efficacité contrastés. Les aphicides de synthèse conventionnels, spirotetramat (en dérogation 120 jours sur betterave de 2019 à 2022) et flonicamide sont les aphicides les plus efficaces. Leur application conduit à une réduction du nombre de pucerons par rapport au témoin non traité, allant jusqu'à 85,6 % [intervalle de confiance à 95 % = (80,5 ; 89,4)] et 79,9 % [intervalle de confiance à 95 % = (72,9 ; 85,2)], respectivement, 14 jours après leur application aux doses homologuées lorsqu'ils sont associés à un adjuvant à base d'huile. Les produits de biocontrôle se sont avérés moins efficaces, le meilleur, Lecanicillium muscarium, entraînant une réduction de 40,7 % [intervalle de confiance à 95 % = (16,6 ; 57,9)] du nombre de pucerons, 14 jours après son application, avec une grande incertitude due au nombre limité d'essais disponibles pour ce produit. L’huile joue un rôle important pour augmenter l’efficacité d’un traitement, comme illustré dans la figure suivante.
Efficacité du traitement Teppeki (flonicamide) avec ou sans huile :
Évolution du nombre de pucerons prédits par le modèle. Les aplats de couleurs représentent l’intervalle de confiance à 95 %.
Ces résultats ont fait l’objet d’une publication : Laurent et al. (in press : Assessment of Non-Neonicotinoid Treatments Against Green Aphids on Sugar Beets by Anabelle Laurent, Armand Favrot, Fabienne Maupas, Cédric Royer, David Makowski :: SSRN).
L’ajout de covariables climatiques telle que la température au moment de l’application ne permet pas d’expliquer la variabilité des résultats entre les sites-années. Le stade des betteraves ne semble pas non plus influencer l’efficacité des traitements.
Pour consolider ces résultats, nous sommes en train d’enrichir notre base de données à partir d’essais expérimentaux conduits aux Pays-Bas et en Belgique. Cette approche développée dans un premier temps pour évaluer l’efficacité des insecticides sera étendue pour hiérarchiser l’efficacité de l’ensemble des solutions techniques testées dans le PNRI (plantes compagnes, lâchers d’auxiliaires, bandes fleuries …). Au cours du premier semestre 2023, d’autres critères d’évaluation seront également analysés, en particulier l’impact des différentes méthodes de lutte sur les symptômes de jaunisse et les rendements.