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Des plantes associées aux betteraves pour limiter les populations de pucerons

Le réseau des fermes pilotes d'expérimentation du PNRI a permis de tester l’intérêt d’espèces associées à la betterave sucrière pour limiter les pertes de rendement dues aux jaunisses. Une réduction des populations de pucerons a été observée dans certaines situations, et l’intérêt global devra être consolidé au cours des prochaines années.

Le réseau des fermes pilotes du PNRI a engagé des travaux dès la campagne 2021 pour évaluer l’intérêt de cette technique. L’objectif est d’aboutir à un itinéraire réaliste permettant de réduire les populations de pucerons et les pertes de rendement dues aux jaunisses, tout en limitant les potentielles pertes de rendement dues à la concurrence des espèces associées à la betterave.

 

Des premiers résultats encourageants à consolider

 

Les tableaux ci-dessous indiquent le nombre moyen de pucerons aptères verts observés par betterave sur l’ensemble des comptages, dans un dispositif multi-local, pour différentes espèces associées à la betterave sucrière : avoine, féverole, vesce. Les lettres indiquées correspondent aux groupes statistiques : deux modalités avec la même lettre ne sont pas significativement différentes. Les dispositifs ont été dédoublés avec et sans traitement aphicide, sauf l’essai conduit à Etrepagny qui n’a reçu aucun traitement.

 

Ce premier tableau donne les résultats des associations avec l’avoine :

 

Plante associée : avoine

 

Sur les 8 essais présentés, 6 ressortent avec un impact intéressant de l’avoine, jugé significatif sur la réduction des populations d’aptères verts, en l’absence de traitement aphicide. Sur l’essai conduit à Mérouville, la moyenne de la population d’aptères verts est plus faible sur la partie associée, mais l’écart est non significatif. Enfin, sur l’essai conduit à Etrepagny, les conclusions sont plus surprenantes, avec une population d’aptères verts supérieure dans la partie associée.

Dans les modalités conduites avec des aphicides, 4 essais sur 7 ressortent avec un effet considéré comme significatif de l’avoine sur la réduction des populations de pucerons. Pour les autres essais, l’avoine n’a pas présenté un intérêt significatif sur les populations d’aptères verts en complément du programme aphicide.

Le développement de l’avoine a été bon dans la plupart des essais. Sur le site d’Etrepagny, le programme de désherbage a détruit l’avoine au moment du 3ème traitement. Cependant, cela ne suffit pas expliquer les résultats obtenus puisque sa croissance précoce était relativement bonne. La taille du dispositif, plus importante que sur les autres sites, est peut-être un paramètre qui a pu jouer. Pour les autres essais, les dates de destruction de l’avoine grâce à un antigraminée sont variables : sur certains sites, la destruction a été réalisée tardivement, ce qui a pu renforcer l’effet sur la réduction des populations de pucerons, mais aussi impacter fortement le rendement de la betterave du fait de l’effet de concurrence. La gestion de la destruction de la graminée est évidemment un sujet important.

 

Association avoine

 

Ce second tableau donne les résultats obtenus avec les légumineuses associées :

 

Plantes associées : légumineuses

 

Dans la plupart des essais, le développement des espèces appartenant à la famille des légumineuses a été limité : le gel subi au printemps dernier a pu occasionner des dégâts, mais c’est surtout le programme de désherbage qui les a fortement impactées, malgré son adaptation dans certaines situations. Certains dispositifs implantés avec de la vesce et du fenugrec n’ont pas fait l’objet de suivis du fait de la destruction quasiment complète de ces espèces. Sur l’essai de Nojeon-en-Vexin, l’effet de la féverole ressort comme significatif sur la réduction des populations d’aptères verts par rapport aux betteraves non associées, dans les modalités sans aphicides. Ceci est constaté malgré une croissance de la féverole limitée et une densité de semis jugée faible. Pour les autres modalités, les moyennes ressortent plus faibles pour les betteraves associées, mais l’effet ne ressort pas significatif. Sur les deux autres sites, aucun effet significatif ne ressort, bien que sur le site de Mérouville, les moyennes sont globalement plus basses pour les modalités avec association. Une réflexion sur les modalités d'implantation et la gestion des herbicides sera entreprise.

 

 

Le programme de désherbage a fortement impacté le développement des vesces

 

L’analyse d’essais complémentaires, et les données de notations des symptômes de jaunisse et de rendements viendront compléter les résultats et l’analyse, pour juger ou non de l’intérêt de cette technique dans les situations testées. Afin de limiter la concurrence des plantes associées, celles-ci ont été détruites chimiquement, sauf dans les situations où leur développement était vraiment très faible. Les stades de destruction ont pu varier selon les sites, et l’impact sur le rendement sera donc à analyser selon les cas.

 

Les perspectives identifiées

 

Afin d’aboutir à une évaluation fiable de l’intérêt de ce genre de techniques, il convient de préciser les mécanismes biologiques en jeu, de tester ces leviers dans une multitude de situations, et d’en optimiser la conduite. La bonne fourniture en eau sur la campagne 2021 a pu limiter les effets de concurrence entre betteraves et plantes associées. Les prochaines campagnes permettront donc d’affiner ces résultats.

Le choix des espèces et des variétés pourra être travaillé. A ce stade, celui-ci se restreint à des espèces issues des familles des légumineuses et des graminées, qui peuvent être détruites chimiquement à des stades tardifs, avec des produits sélectifs des betteraves. Parmi les légumineuses, d’autres espèces pourraient être testées, potentiellement moins sensibles aux programmes de désherbage appliqués sur betterave. Leur profil reste intéressant dans le sens où certaines espèces sont susceptibles de moins concurrencer les betteraves que les graminées, et où ces dernières ne sont pas compatibles avec la gestion de la destruction de ray-grass résistants présents dans certaines parcelles de betteraves. Une adaptation des densités de semis pour certaines espèces, comme la féverole, pourrait être envisagée. Un screening pourrait aussi être réalisé sur les deux familles considérées pour détecter des variétés avec un profil de développement rapide sur les dates de semis considérées. Cela permettrait d’optimiser l’effet recherché, et de potentiellement améliorer la tolérance vis-à-vis du programme de désherbage, dépendante en partie du stade de la plante.

Pour ces mêmes raisons, un autre levier à tester pourrait être d’avancer au maximum la date de semis des plantes compagnes par rapport au semis des betteraves.

Sur les essais conduits en 2021, les itinéraires ont pu être différents selon les situations. Sur les semis plus précoces, un risque de développement des adventices a été identifié : au moment du semis des betteraves, celles-ci sont susceptibles d’avoir atteint des stades sur lesquels les programmes de désherbage sélectifs des betteraves ne sont plus en mesure de les détruire. De plus, compte-tenu des dates de semis des betteraves, il n’est pas évident de trouver des créneaux précoces praticables pour les interventions de semis des plantes associées. La logique d’avancement de la date de semis pourrait être poussée jusqu’à considérer un semis des plantes associées à l’automne précédent, comme sur un essai conduit à Ortillon (10), non présenté dans cet article, du fait des populations de pucerons observées très faibles. Cependant, la problématique des adventices sera encore plus délicate, et il sera nécessaire de mobiliser du matériel spécifique pour le semis des betteraves. Des itinéraires techniques adaptés seront envisagés.

La question de la taille des dispositifs expérimentaux (surface des parcelles individuelles) sera aussi à traiter pour les prochaines campagnes.

 

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