Article rédigé par Elise MOREL (FNAMS)
L'intérêt des plantes compagnes démontré
Depuis 2022, des essais de plantes compagnes sont mis en place (tableau 1). En prenant en compte les résultats de l’ITB, c’est d’abord l’avoine rude (Avena strigosa) qui a été expérimentée. L’implantation de la plante compagne a été testée en plein avec une densité de semis de 75 graines/m² en 2022 puis en 2023, elle a été implantée dans l’inter-rang à la même densité car un effet concurrence de l’avoine était suspecté. En 2024, la féverole en plante compagne a également été testée.
2022-2023 | 2023-2024 | 2024-2025 |
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1 essai insecticide avec ou sans avoine rude 2 parcelles AMS** avec ou sans avoine rude* + protection AMS insecticide | 1 essai insecticide avec ou sans avoine rude 5 parcelles AMS avec ou sans avoine rude* + protection AMS insecticide | 6 parcelles AMS 1) comparaison de l’avoine rude* et de la fèverole* + protection AMS insecticide 2) intérêt des granulés Agriodor avec ou sans plante compagne + protection AMS insecticide |
*bande de 50 à 100 m de long par 24-36 m de large
**Agriculteur Multiplicateurs de Semences
L’impact de la plante compagne sur le rendement grainier et le PMG a été évalué en 2024. Sur deux essais, là où l’avoine semblait concurrencer la betterave aux premiers stades du développement, aucune différence significative n’a été détectée entre les deux zones avec ou sans avoine rude (graphique 1). Ainsi, même si la croissance des betteraves semblait ralentie à l'automne dans la zone avec avoine rude, la différence n'est plus perceptible en sortie d'hiver et la récolte n'est pas affectée.
Graphique 1 : Sur la parcelle P1 une différence de croissance des plantes avait été repérée à l’entrée de l’hiver entre la zone avec ou sans avoine rude mais on constate que le rendement grainier n’a pas été impacté sur les deux parcelles.
Les différents essais, aussi bien ceux menés par la filière semences que par l’ITB, montrent que l’avoine rude réduit la pression pucerons et surtout les viroses. En effet, l’association « avoine rude + programme aphicide à l’automne à base de Teppeki 0.14 kg puis Movento 0.45 l/ha » réduit significativement la contamination virale des betteraves. Sur un essai réalisé en Eure-et-Loir en 2022, la modalité « betterave avec avoine rude et sans intervention aphicide » est équivalente à la modalité « betterave sans plante compagne + protection aphicide » sur la population de pucerons verts (ailés + aptères). Les analyses virales montrent par ailleurs que l’utilisation de l’avoine rude réduit significativement la contamination de la culture en comparaison avec le reste de la parcelle (graphique 2).
Graphique 2 : Dans cet essai de 2022, les contaminations virales sont beaucoup plus faibles dans la zone avec avoine rude y compris dans la modalité avoine rude sans protection insecticide.
En 2023, du fait du changement de stratégie d’implantation de l’avoine rude, on constate des différences d’efficacité de la plante compagne. En effet, sur plusieurs parcelles suivies, l’avoine rude s’est mal développée (photo ci-dessous) et la pression du puceron vert a été très élevée. Cette même année, l'effet sur la contamination virale n’a pas été constaté sauf sur une parcelle où l’avoine avait été implantée en plein comme en 2022. Les expérimentations de 2023-2024 ont donc surtout montré que la bonne implantation de l’avoine rude est cruciale pour avoir un effet significatif sur les contaminations virales.
Ces différentes années d’expérimentation confirment que la lutte contre les jaunisses de la betterave repose sur une combinaison de leviers et notamment sur l’utilisation de l’avoine rude en plante compagne combinée à une protection aphicide. L’arrêt du Movento complique la tâche car la lutte contre les pucerons repose désormais essentiellement sur la flonicamide. Des tests de produits de biocontrôle sont à l'étude mais ils n'ont pas permis pour le moment d'identifier de candidat intéressant.