Article écrit par Aurélie Marmonier, Hélène Schlaefli et Véronique Brault, INRAE Colmar
Afin de mieux comprendre la dispersion au champ des différents virus responsables des jaunisses de la betterave, INRAE Colmar étudie, en conditions contrôlées, la sensibilité des betteraves (variété Auckland) aux quatre virus en fonction de leur stade de développement. Sont ainsi étudiés :
- les deux polérovirus responsables de la jaunisse modérée (le beet mild yellowing virus ou BMYV et le beet chlorosis virus ou BChV),
- le virus responsable de la jaunisse grave (le beet yellows virus ou BYV)
- le virus de la mosaïque de la betterave (le beet mosaic virus ou BtMV).
Chaque virus a été inoculé par pucerons (espèce Myzus persicae) sur des betteraves d’âges différents (figure 1). Pour cela, cinq pucerons virulifères ont été déposés sur chaque plante.
Figure 1 - Stades d’inoculation des betteraves par les virus : l’âge de la plante au moment de l’inoculation (semaines post-semis), ainsi que le nombre de feuilles au stade donné sont indiqués.
Au bout de trois semaines, l’infection des betteraves avec chacun des virus a été analysée par la technique ELISA. Cette expérimentation a été reproduite trois fois.
Les résultats obtenus montrent des sensibilités différentes des betteraves selon le virus considéré et selon le stade de développement des betteraves au moment de l’inoculation (figure 2).
Figure 2 - Sensibilité des betteraves aux virus selon leur stade de développement au moment de l’inoculation des virus. Ce graphique représente une moyenne de 3 expériences conduites indépendamment. Pour chaque stade de développement le nombre de plantes analysées est compris entre 42 et 48 (total des 3 expériences). L’infection des plantes a été évaluée par un test ELISA.
L’infection par les deux polérovirus (BChV et BMYV) diminue fortement et rapidement lorsque les betteraves avancent dans leur stade de développement. En effet, environ 80 % des betteraves sont infectées par les polérovirus (BChV ou BMYV) lorsque les plantes sont inoculées au stade moyen de 2,5 feuilles alors que le pourcentage de plantes infectées chute à 6 % ou 0 % lorsque les plantes sont inoculées au stade moyen de 9,7 feuilles avec le BChV ou le BMYV respectivement.
La sensibilité des betteraves au BtMV reste assez stable (43 à 58 % des plantes infectées) quel que soit le stade de développement de la betterave au moment de l’inoculation du virus.
En revanche, l’infection par le BYV reste élevée (66 à 94 % des plantes infectées) même lorsque l’inoculation du virus a lieu sur des stades avancés.
Le virus de la jaunisse grave de la betterave (BYV) : un virus préoccupant qui peut infecter les betteraves à un stade tardif
Cette étude a été poursuivie en infectant des betteraves avec le BYV à des stades de développement encore plus tardifs (8 et 9 semaines post-semis correspondant à un stade moyen de 10,4 et 11,7 feuilles). Les résultats montrent que le virus est encore efficacement inoculé à ces stades (tableau 1) : il y a 100 % et 83,3 % d’infection par le BYV lorsque les plantes sont inoculées respectivement à 8 ou 9 semaines post-semis. Cette expérience a été réalisée une seule fois et devra être reproduite pour confirmer ces données.
Tableau 1 : Sensibilité des betteraves au BYV jusqu’à 9 semaines post-semis. Aux stades 8 et 9 semaines, les betteraves ont, en moyenne, 10,4 et 11,7 feuilles respectivement. L’infection des plantes a été évaluée par un test ELISA.
Perspectives : les expériences ayant été réalisées en conditions contrôlées, elles devront être reproduites au champ. L’impact d’une inoculation tardive des betteraves avec les virus, et notamment avec le BYV, sur le rendement et la richesse en sucre devra également être évalué.