Article rédigé par Stéphane Hervieu, chargé de mission expérimentation / Campus Agroenvironnemental 62, et Christian Peltier, coordonnateur technique et chargé d’accompagnements pédagogiques et didactiques / Département Agricultures et Transitions - Bergerie nationale de Rambouillet.
En 2021, des essais avaient été implantés sur quelques établissements d’enseignement agricole. Cette année en 2022, c’est l’ensemble des sept établissements choisis en tant que producteurs de betteraves sucrières qui s’engagent pour aider la filière à trouver des solutions dans le cadre de la suppression définitive de l’utilisation des NNI. L’objectif est de réaliser 1 essai dans chaque établissement concerné en 2022 et 1 essai en 2023. Chaque essai sera un support pédagogique pour transférer des pratiques alternatives aux apprenants.
Établissements d’enseignement agricole impliqués dans le projet
2 pistes sont explorées cette année sur les exploitations des établissements agricoles :
- le semis de plantes compagnes (avoine, vesce, féverole, fenugrec) : ce dispositif a déjà montré un potentiel pour gérer les pucerons dans plusieurs fermes pilotes suivies par l’ITB en 2021 ;
- les bandes fleuries composées de différentes espèces connues pour leur attractivité vis-à-vis des insectes auxiliaires prédateurs des pucerons ou l’impact de toute infrastructure agro-écologique (haies, bois, bande enherbée…) sur la dynamique auxiliaire-pucerons.
Sur les sites de l’EPLEFPA d’Airion et du Campus Agroenvironnemental d’Arras, par exemple, il s’agit d’étudier l’influence d’une association avec de l’avoine rude pour confirmer les bon résultats obtenus par l’ITB en 2021. L’association avec la féverole est également étudiée sur le site d’Arras.
Parcelle d’essai du site de l’EPLEFPA d’Airion (60) (à gauche modalité « betterave seule » – à droite modalité « avec avoine »)
Les résultats des essais enrichiront la base de données de l’ITB et d'INRAE.
Enseigner autrement à produire autrement
Les apprenants vont bien sûr pouvoir profiter de ces essais pour s'approprier les méthodes d'expérimentation et les pratiques professionnelles pour une production durable et responsable.
Les établissements qui participent techniquement au projet ont chacun un référent pédagogique : ils sont accompagnés par la Bergerie Nationale de Rambouillet pour concevoir et tester des séquences d’apprentissage innovantes. L’enjeu n’est pas seulement de « faire participer » les apprenants, mais bien de construire avec eux une réflexion sur un système d’expérimentation d’envergure nationale, par ailleurs très politisé. L’interdiction des NNI sur betteraves constitue non seulement un défi technique, mais aussi une « question socialement vive », c’est-à-dire une base riche pour débattre et construire un regard critique.
Séance de comptage de pucerons sur le site de l’EPELEFPA du Neubourg (27)
L’enseignement agricole s’engage avec les filières en participant à un projet à enjeu national. Il s’agit non seulement de répondre à un défi technique et économique à court terme mais aussi de préparer l’avenir de l'agriculture française en formant les futurs techniciens et agriculteurs sur la réflexion aux pratiques dans le cadre d’une production durable.