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L’électropénétrographie : Etude du comportement alimentaire de Myzus persicae en présence de plantes de services

ITB National ·

Les travaux de recherche menés dans le cadre du projet SerVir ont pour objectif d’identifier les plantes de services (PdS) à introduire dans une parcelle pour limiter la transmission virale des jaunisses de la betterave. L’électropénétrographie (ou EPG) permet de suivre les effets des PdS sur le comportement alimentaire des pucerons installés sur betterave, et plus particulièrement les perturbations des PdS sur les phases d’acquisition et de dissémination des virus.

Article rédigé par Adrien Le Navenant (INRAE PSH)

Le Tableau 1 résume les principales caractéristiques des différents types de virus (BtMV, BYV, BMYV et BChV) responsables des jaunisses virales sur betterave. Leur acquisition et/ou leur dissémination par le puceron sont très liées au comportement alimentaire du puceron et dépend(ent) des temps de rétention et de la localisation des sondages par le stylet du puceron. 

  • Le BtMV est un virus de type non persistant non circulant (NP) qui est caractérisé par une acquisition et une inoculation qui requièrent un contact restreint de quelques dizaines de secondes entre le puceron et la plante (Pirone et Harris, 1977). 
  • BMYV et BChV sont des virus persistants non propagatifs (PCNP), leur propagation ne peut se faire qu’à la suite de sondages prolongés au niveau du phloème. Les temps de rétention (temps où les particules virales sont transportées et retenues dans un organe cible) des virions sont longs, portant généralement sur l’ensemble du cycle de vie du vecteur. 
  • Le BYV est un virus semi-persistant non circulant (SP) qui possède, comme les virus à transmission non persistante, une phase d’acquisition restreinte de quelques minutes, dont l'efficacité augmente avec une alimentation prolongée (Palacios et al., 2002). 

Tableau 1 : Caractéristiques des virus responsables des jaunisses

La technique utilisée consiste à mettre en place un circuit électrique entre le puceron et la plante hôte qui permet d’obtenir en temps réel un électropénétrogramme sur lequel il est possible d’identifier les phases d’alimentation du puceron. Ce circuit est composé d’électrodes placées sur le puceron et la plante hôte reliées à une unité (Figure 1A). Ce dispositif permet le suivi de 8 pucerons en parallèle (figure 1B). Au total, une dizaine de phases alimentaires sont différenciables, mais toutes n’ont pas de rôle dans la propagation de virus. Trois phases sont particulièrement importantes dans la propagation des virus : les phases de « potential drop », très courtes qui correspondent au sondage du stylet au niveau du parenchyme, les phases E1, salivation de courtes durées dans le phloème, et les phases E2, aspiration du phloème (Figure 1C). Les suivis sont réalisés pendant 8 h afin d’obtenir des informations sur les phases alimentaires qui apparaissent tardivement comme les phases E1 et E2. 

Sur 12 PdS testées, 6 (Basilic, Fèverole, Radis, Seigle, Chou, Avoine) induisent des modifications de comportements sur les phases alimentaires cibles (Tableau 2). 

Le tableau 2 montre nettement des effets variables selon la PdS utilisée. Par exemple, il est intéressant de noter que le seigle et l’avoine n’induisent pas les mêmes effets sur le puceron. L’avoine réduit le nombre et la durée des phases de salivation dans le phloème (E1) ce qui peut limiter la dissémination des virus. Le chou semble aussi être une plante intéressante sur ces mêmes critères avec une diminution des phases de potential drop (pd) ainsi que des phases E1. On observe l’effet opposé avec le seigle, le radis ou la fèverole. Avec une forte augmentation du nombre et de la durée des phases de salivation dans le phloème, le seigle pourrait favoriser la transmission de virus PCNP ou SP. La présence de seigle diminue par contre la durée d’ingestion de phloème (E2, figure 2), ce qui pourrait limiter l’acquisition de virus de type PCNP ou SP. Les tests sur la transmission de virus vont être réalisés pour confirmer ces hypothèses. 

Tableau 2 :  Modifications du comportement alimentaire des pucerons par les PdS 

L’EPG est une technique qui permet une étude fine du comportement alimentaire du puceron en conditions contrôlées. Elle est complémentaire à d’autres techniques utilisées dans le projet SerVir et notamment des tests de fécondités, de préférence alimentaire et de transmission des virus. Ces études complémentaires sont nécessaires pour mieux identifier les risques et bénéfices potentiels d’introduction des PdS pour lutter contre les jaunisses des betteraves.

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