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PNRI - Damien Andrieu observateur des FPE chez Tereos

ITB Somme / Oise · ITB National ·

L’ITB a rencontré Damien Andrieu, ingénieur du service agronomique Tereos, à Bernay-en-Ponthieu. Tereos est partenaire du projet Fermes Pilotes d’Expérimentation du PNRI. 

ITB: Quel est votre rôle dans le PNRI ?

 

D.A : Avec Tereos, nous suivons quinze parcelles dans le projet Ferme Pilote d’Expérimentation, dont trois en agriculture biologique. L’année prochaine nous inclurons des exploitations supplémentaires.

Sur ces fermes, nous testons différents leviers, comme des semis de bandes fleuries ou de plantes compagnes et des lâchers d’auxiliaires.

 

ITB: Comment avez-vous sélectionné les parcelles pour ce projet ?

 

D.A : Nous avons choisi les agriculteurs pour leur sensibilité aux innovations agronomiques. Sur la ferme de Bernay-en-Ponthieu (dans le département de la Somme), nous avons proposé à l’agriculteur de participer en raison de son implication préalable dans des démarches innovantes : il implante des haies entre ses parcelles et il effectue du pré-buttage avec l’implantation de couvert sur ses futures buttes de pommes de terre. C’est un agriculteur très engagé dans la démarche du PNRI. Il est volontaire, très ouvert à la discussion et curieux de connaître ce qui est testé dans sa parcelle.

 

ITB: Quels essais suivez-vous ici ?

 

D.A : Sur cette parcelle, en partenariat avec la société Koppert, nous observons les synergies potentielles entre les leviers « plantes compagnes » et « lâchers d’auxiliaires ». Nous souhaitons analyser si ces leviers, individuellement ou en synergie, favorisent la lutte contre les pucerons ou contre les virus de jaunisse. 

Nous avons donc dans un premier temps implanté, deux semaines avant le semis de betterave, de l’avoine classique à 40 kg à l’hectare en tant que plante compagne. Ce dispositif consiste à associer des betteraves à une ou plusieurs espèces afin de limiter les populations de pucerons. Les mécanismes sous-jacents peuvent différer selon les espèces considérées. Les effets attendus de l'avoine sont d'opposer une barrière physique et une perturbation visuelle à l'arrivée des pucerons. D'autres mécanismes peuvent s'opérer au champ.

Lorsque nous avons commencé à observer une concurrence entre avoine et betterave, nous avons demandé à l’agriculteur d’appliquer un anti-graminée spécifique, afin de limiter l’impact sur le développement des betteraves. A la fin de la récolte, nous analyserons plus précisément cet effet de concurrence, en comparant, par pesée, les modalités avec et sans plante compagne.

Nous avons ensuite testé deux stratégies d’utilisation d’auxiliaires sur la culture.

La première est une stratégie « préventive ». Elle consiste à diffuser des œufs de chrysope à différentes doses à l’aide d’un pulvérisateur. L’intérêt est l’installation d’auxiliaires sur la parcelle, de façon à limiter l’arrivée des pucerons.

La seconde est « curative », il s’agit de déposer des larves de chrysope à différentes doses dans l’objectif de réduire les populations de pucerons déjà installées sur les betteraves.

Pour pouvoir comparer ces sept modalités différentes (avec ou sans couvert, avec et sans lâcher d’auxiliaires, avec des doses différentes, etc), nous avons établi des placettes de 2000 m² découpées en deux parties (avec et sans avoine).

 

ITB: Qu’avez-vous observé pour le moment ?

 

D.A : Pour analyser les effets des leviers testés, nous avons suivi les densités de populations de pucerons. Nous comptons les pucerons sur feuilles à des intervalles de temps réguliers. Pour chaque comptage, en raison de toutes ces modalités, 630 betteraves sont comptées. 

Nous surveillons également l’apparition des premiers symptômes de jaunisse grâce à des drones.

Des premières tendances semblent émerger : nous comptons deux fois moins de pucerons et constatons moins d’expression de symptômes de jaunisse sur les surfaces avec un couvert d’avoine.

De plus, sur les comptages de pucerons, les leviers combinés semblent montrer des résultats plus satisfaisants que les leviers isolés. Nous nous demandons donc si le couvert peut servir d’habitat pour les auxiliaires lâchés.

Il faudra évidement vérifier ces observations par des analyses plus poussées sur les betteraves, sur leur rendement et sur les virus présents. Il faudra aussi prendre en compte le contexte climatique : il varie selon les années et influence les résultats. Il faudra donc prendre un recul sur plusieurs années avant de conclure.Photographie par drone sur la FPE de Bernay-en-Ponthieu.

 

ITB: Quelles sont les difficultés rencontrées ?

 

D.A : Pour le moment, nous demeurons dans des démarches expérimentales. Les méthodes utilisées pour les lâchers d’auxiliaires, l’implantation de plantes compagnes ou même les différentes méthodes de désherbage ne sont pas optimisées. 

Nos observations, suite aux lâchers d’auxiliaires, nous permettent de mieux comprendre les comportements et mieux anticiper leur utilisation future, mais des questionnements subsistent: un chrysope se déplace-t-il d’un mètre ou de dix ? A quelles conditions climatiques survit-il ? Comment s’alimente-t-il ? L’expérience et les observations devraient pouvoir éclaircir cela. 

Il y a de nombreux facteurs en jeu, et il faut réussir à les anticiper pour une mobilisation optimale des leviers. 

Si des résultats probants apparaissent, nous travaillerons dans un second temps sur la mise au point d’équipements adaptés pour des lâchers à l’échelle de grandes parcelles et pour faciliter l’application de ces méthodes.

 

ITB: Comment pensez-vous que ces leviers seront perçus par les agriculteurs ?

 

D.A : Dans la région, quelques agriculteurs sont déjà familiers des « plantes compagnes » pour protéger leurs sols et leurs betteraves des vents de sable. Et puis, je pense que si ces dispositifs présentent un réel intérêt, beaucoup d’agriculteurs y réfléchiront sérieusement. 

 

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