Cet article se concentre sur les résultats des produits pulvérisables. D’autres solutions de biocontrôle ont également été testées dans le PNRI, comme les répulsifs d’Agriodor ou des macroorganismes (chrysopes ou Aphidius), qui feront l’objet de communications spécifiques en 2025. Au total, 28 substances actives à action aphicide ont été testées en serre, puis, les solutions présentant les meilleures efficacités ont ensuite été évaluées au champ.
A l’issue des essais sous serre, aucun produit testé n’est aussi efficace que la référence chimique mais pour certains, la dynamique des populations de pucerons reste faible : produits à base d’azadirachtine A, d’acides gras, huile essentielle d’orange, mélanges d’huiles essentielles, micro-organismes, extrait d’ortie. Les meilleurs produits permettent une réduction des populations de pucerons de 70 %, 6 jours après le traitement.
Les essais en micro-parcelles visent ensuite à évaluer au champ les solutions qui ont montré une efficacité supérieure à 50 % sous serre. L’efficacité au champ est jugée sur pucerons, il n’est pas possible de mesurer la jaunisse sur ce type de dispositif, compte tenu de la forte hétérogénéité des symptômes au sein d’un champ de betterave. Les traitements ont été faits dès que le seuil de 10 % de betteraves avec au moins un aptère de M. persicae était dépassé. Deux traitements, cadencés à 7 jours, ont été effectués pour les produits de biocontrôle. La référence chimique Teppeki n’a été appliquée que lors du premier traitement.
Les résultats détaillés sont présentés dans le graphique ci-dessous. Ils prennent en compte les données acquises dans le projet ABCD-B en 2019 et 2020 et les données du PNRI de 2021 à 2023. L’analyse statistique réalisée selon (Laurent, 2023) permet d’évaluer la dynamique des populations de pucerons au cours du temps après le premier traitement, et ainsi d’estimer l’efficacité des produits à différents pas de temps.
Figure 1 : Efficacité des produits de biocontrôle appliqués deux fois pour réduire l’abondance des pucerons par rapport au témoin non traité, 14 jours après le premier traitement. Le nombre d’essais inclus dans l’analyse est mentionné à droite de la figure. Lorsque la barre horizontale croise la barre verticale rouge alors l’efficacité du produit est non significative.
14 jours après le premier traitement, aucun produit de biocontrôle seul ne montre d’efficacité significative sur les pucerons. Les combinaisons entre la flonicamide et l’huile de paraffine ou le champignon entomopathogène Lecanicillium muscarium, malgré seulement deux essais, ressortent néanmoins avec une très bonne efficacité.
Un travail doit être poursuivi pour optimiser les conditions d’applications des produits de biocontrôle afin d'améliorer la prise en compte des conditions environnementales favorables à leur efficacité. Par exemple, un rayonnement important peut entrainer la mort des spores pour le produit à base de Lecanicilium muscarium. L’hygrométrie influence également le développement des champignons entomopathogènes. Les techniques de pulvérisation vont aussi être testées en 2025. Les produits agissant par contact, il y a un enjeu fort de la qualité de la pulvérisation pour atteindre les pucerons cachés dans l’enroulement ou les faces inférieures des feuilles.
Des nouvelles solutions en cours de développement sont également testées. A travers ce projet, l'ITB accompagne les firmes vers l'homologation de leurs produits en betterave.