En 2024, l’opérationnalité est visée et les combinaisons de leviers sont mises à l’honneur. Les essais vont répondre à trois objectifs majeurs, qui ont été définis selon le risque de jaunisse estimé pour l’année et le secteur géographique considéré : renforcer l’efficacité de la protection aphicide dans les secteurs à risque élevé, réduire le nombre d’aphicides ou s’en passer complètement, dans les secteurs à risque modéré ou faible.
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Les résultats acquis montrent que les plantes compagnes ne permettent pas à elles-seules de gérer convenablement la jaunisse. Néanmoins, les niveaux d’efficacité obtenus soutiennent qu’elles pourraient avoir un intérêt en complément d’une protection aphicide, en particulier dans les situations où cette dernière ne serait pas suffisante pour maîtriser de fortes populations de pucerons.
Les plantes compagnes sont semées en plein, au moment du semis des betteraves. Elles sont parfois semées dans l’inter-rang pour pouvoir les détruire mécaniquement. La densité de semis visée des graminées est de 75 grains/m² et celle de la vesce est de 40 grains/m². La destruction des plantes compagnes est réalisée au stade 4 feuilles des betteraves pour limiter la concurrence avec les betteraves. Ces essais reçoivent une protection aphicide complète (4 aphicides maximum selon les populations de pucerons). Des modalités de traitement comportant 0 et 2 aphicides sont testées en marge de certains dispositifs pour voir si les plantes compagnes permettent d’économiser un aphicide dans certaines situations. Cette combinaison de levier est également testée sur betteraves porte-graines.
Réaliser un traitement aphicide pourrait permettre de réaliser les lâchers plus tardivement, avec des conditions météorologiques (température notamment) plus favorables à leur activité, et à des densités de pucerons plus faibles.
Les œufs de chrysopes sont comparés aux larves. Les lâchers sont réalisés avec un épandeur à rampe, en relai d’un premier traitement aphicide, et à une densité de 40 œufs/m² et de 4 larves/m². Des travaux complémentaires sont également réalisés sur la mécanisation des lâchers et les coûts de production.
Des allomones sont utilisées en complément d’une protection aphicide afin de réduire encore plus les populations de pucerons, en particulier dans les situations ou les aphicides ne suffisent pas à contrôler la jaunisse. Ils pourraient également permettre de retarder le premier traitement, et ainsi de réduire l’utilisation d’aphicides dans certaines situations.
Les molécules odorantes sont encapsulées dans des granulés. Ils sont ensuite épandus avec un quad équipé d’un épandeur centrifuge. Le premier épandage de granulés est réalisé avant la colonisation des pucerons dans la parcelle en complément d’une protection aphicide classique ou en remplacement du premier traitement.
Une efficacité cumulée de ces deux leviers est attendue par la combinaison. Dans le cas d’un traitement à base de Lecanicillium muscarium, les plantes compagnes pourraient augmenter l’efficacité du champignon en favorisant son développement (microclimat favorable, support végétal plus dense, diminution des UV reçus etc).
Quelques dispositifs d’essais avec des plantes compagnes reçoivent un traitement supplémentaire à base de Lecanicillium muscarium, unchampignon entomopathogène, appliqué au pulvérisateur à une dose de 2kg/ha. L’efficacité des traitements sera comparée à une protection aphicide classique et à une absence de protection aphicide pour juger de l’intérêt de la stratégie déployée.
L’utilisation de phéromones a pour objectif d’attirer des auxiliaires sur les betteraves (en particulier des coccinelles). Ces phéromones sont couplées à des produits de biocontrôle pour en augmenter l’efficacité sur les populations de pucerons.
Le mélange phéromonal est appliqué au pulvérisateur dès l’arrivée des premiers pucerons, en mélange avec de l’huile de paraffine à 15L/ha. Ces produits ont pour objectif d’attirer les auxiliaires et d’asphyxier les pucerons déjà présents en formant un film sur les betteraves.
La combinaison des lâchers d’auxiliaires et des plantes compagnes pourrait permettre de réaliser les lâchers plus tardivement, avec des conditions météorologiques (température notamment) plus favorables à leur activité, et à des densités de pucerons plus faibles.
Des lâchers de larves de chrysopes sont réalisés sur quelques dispositifs d’essais avec des plantes compagnes. Les lâchers sont réalisés après le premier traitement, selon les conditions climatiques et les niveaux de pression en pucerons dans chaque parcelle. L’efficacité du lâcher sera comparée à un traitement aphicide seul, et à une absence de protection aphicide pour juger de l’intérêt de la stratégie déployée.
Une efficacité cumulée de ces deux leviers est attendue par la combinaison. Des travaux sont en cours pour identifier des variétés partiellement tolérantes ou résistantes aux pucerons et/ou aux virus responsables de la jaunisse. Pour le moment, ces variétés n’ont pas le même niveau de productivité que les variétés commerciales. Le travail de cette combinaison permet donc d’anticiper le jour où ces variétés seront disponibles.
Des variétés partiellement tolérantes ou résistantes aux pucerons et/ou aux virus de la jaunisse sont semées sur quelques dispositifs d’essais avec des plantes compagnes. Le dispositif correspond à des bandes alternées croisant deux types de variétés (commerciales et tolérantes/résistantes), avec ou sans avoine en plante compagne.
Les plantes compagnes sont des espèces cultivées avec la betterave sucrière, qui peuvent permettre de réduire les populations de pucerons vecteurs de jaunisse. Elles sont cultivées au début du cycle de la betterave pour limiter les contaminations précoces les plus préjudiciables. Les espèces testées sont principalement de l’avoine, de l’orge et des légumineuses. Elles ont été choisies pour leur compatibilité avec l’itinéraire technique de la betterave, et les conditions climatiques des secteurs géographiques considérés. Les graminées sont peu sensibles au gel, et des réductions de pucerons ont déjà été observées les années passées. Les légumineuses constituent une alternative intéressante dans les secteurs fortement infestés par les graminées adventices, et pourraient être moins concurrentielles.
Le mode d’action de ces espèces vis-à-vis des pucerons n’a pas été clairement identifié, mais plusieurs hypothèses sont envisagées.
Une phéromone est une molécule chimique produite par un organisme, qui induit des réactions comportementales chez les individus de la même espèce. L’utilisation de phéromones pour réduire les populations d’insectes ravageurs a fait ses preuves dans d’autres cultures, notamment sur des lépidoptères en verger avec la confusion sexuelle. Cependant, cette méthode n’est pas adaptée au puceron Myzus persicae en raison de son mode de reproduction par parthénogénèse (reproduction asexuée).
Un autre type de phéromone émis par le puceron dans des situations de danger a donc été identifié. En augmentant artificiellement son niveau d’émission, elle pourrait permettre d’attirer les auxiliaires et donc de réduire les populations de pucerons dans une parcelle.
Dans des situations de danger, le puceron Myzus persicae émet une phéromone d’alarme, également émis par les plantes lorsqu’elles sont attaquées par un ravageur. Elle est reconnue par les prédateurs de pucerons et leur permet de localiser les colonies dans une parcelle.
En cours d’évaluation.
Une allomone est une molécule chimique produite par un organisme, qui induit des réponses comportementales chez les individus d’une autre espèce, au profit de l’émetteur mais pas du receveur. Les allomones testées ici sont des molécules odorantes, aussi appelées Composés Organiques Volatiles (COV), qui ont un effet répulsif, perturbent le comportement alimentaire et les capacités de reproduction des pucerons. Des tests au laboratoire ont permis d’identifier plusieurs mélanges de COV (blends) qui permettraient de limiter la colonisation du puceron Myzus persicae dans les parcelles de betteraves.
Pour des raisons de confidentialité, ces molécules ne sont pas décrites.
La présence d’autres COV dans l’environnement olfactif peut brouiller les informations perçues par le puceron et rendre les plantes hôtes moins détectables. Certains COV pourrait également avoir un effet répulsif, sur l’alimentation et la reproduction du puceron.
Les produits de biocontrôle sont des substances naturelles ou des micro-organismes positionnés en complément ou en remplacement d’un ou plusieurs traitement(s) aphicide(s) classique(s). Des travaux de screening sous serre et des essais en micro-parcelles conduits de 2021 à 2023 ont permis d’identifier les produits les plus intéressants à tester en parcelles d’agriculteurs.
Les produits testés ont deux modes d’action :
Les lâchers d’auxiliaires ont pour objectif d’augmenter artificiellement les populations d’insectes prédateurs et parasitoïdes de pucerons dans une parcelle. En effet, leur rôle pour nettoyer les parcelles des pucerons est incontestable mais ils arrivent toujours 3 à 5 semaines après les pucerons, ce qui ne permet pas de contrôler la transmission virale. Un enrichissement de la parcelle en auxiliaires est donc évalué, avec un choix d’espèces naturellement présentes dans les parcelles de betterave.
Deux espèces de chrysopes Chrysoperla carnea et Chrysoperla lucasina sont lâchées au stade œuf et/ou au stade larvaire.
Les larves de chrysopes Chrysoperla carnea et lucasina sont des prédateurs très voraces de pucerons. Au cours de sa croissance, une larve de chrysope peut consommer plusieurs centaines de pucerons.
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