Ces betteraves "non cultivées" sont des réservoirs de virus. Les pucerons ailés peuvent s'y alimenter, se charger en virus et contaminer les jeunes betteraves d'une parcelle voisine. Une campagne de prélèvements a été réalisée en mars 2024 sur des repousses de betteraves dans les cordons de déterrage, ou encore dans les rares parcelles n’ayant pas pu être récoltées cet hiver.
Des tests ELISA, réalisés par l’ITB, détectent la présence de virus responsables de la jaunisse dans 11 % des échantillons à l’échelle nationale. Ce chiffre est très probablement sous-estimé, en particulier pour les secteurs au sud de Paris, sous-représentés dans les prélèvements, et où il faut également considérer la présence de betteraves porte-graines fortement contaminées cette année.
Au total, 88 sites ont été prélevés. Le BYV et le BtMV sont les principaux virus identifiés.
Ces données rappellent l’importance de gérer les réservoirs de jaunisse, et de mettre en place les mesures prophylactiques adaptées dans toutes les régions betteravières. Pour les cordons de déterrage, les repousses peuvent être supprimées en retournant les andains, ou par des méthodes chimiques. Les repousses dans les céréales doivent être éliminées à l’aide d’un anti-dicotylédone.
Retrouvez ici nos conseils détaillés pour gérer ces réservoirs
Une campagne de prélèvement pour identifier les autres réservoirs de puceron et de jaunisse
Les équipes de l’ITB et de INRAE vont réaliser une semaine de prospection du 15 au 19 mai en Normandie, dans la Somme, en Champagne et dans la région Centre - Val-de-Loire afin d’identifier les autres réservoirs de pucerons vecteurs de jaunisse ou de virus. Ce travail s'inscrit dans le cadre du nouveau projet REDIVIBE du PNRI-C. L’objectif est de mieux comprendre le cycle de la maladie, d'améliorer la surveillance et la prévision des risques et de proposer des nouvelles mesures prophylactiques.
Le virome complet des plantes prélevées sera séquencé afin de détecter si les virus pathogènes pour les betteraves sont identifiés. Le cas échéant, les isolats détectés seront comparés aux isolats présents sur betterave, pour déterminer s’il y a des échanges possibles entre espèces : si les isolats sont similaires, la plante hôte pourra être considérée comme réservoir, servant de relai hivernal aux virus.
La caractérisation du génotype des pucerons permettra de déterminer, selon un raisonnement identique, si les clones de pucerons retrouvés sur ces plantes sont les mêmes que sur betterave.