Les enseignements de la campagne précédente permettent d’orienter ou de définir de meilleures stratégies pour la ou les campagnes à venir. Les semis précoces ont-ils toujours un intérêt ? Le contrôle de la jaunisse virale reste une priorité et face à la progression de la cercosporiose. La lutte doit être optimisée. Dans un contexte de prix élevé des engrais, une réduction de la fertilisation azotée est elle envisageable ?
1. Intérêt des semis précoces
Les semis précoces sont intéressants pour augmenter la productivité des betteraves, à conditions de respecter certaines règles :
- Assurer une levée rapide et homogène
- Limiter le risque de montées à graines
- Contrôler les adventices
Pour des semis précoces, une levée homogène est indispensable pour faciliter les interventions de désherbage qui sont toujours plus délicates du fait d’une augmentation de la durée de végétation.
Pour réussir le désherbage, il convient de respecter deux règles essentielles :
- Intervenir sur des adventices au stade cotylédons
- Placer les 2 premiers traitements à un intervalle de 6 à 10 jours maxi
Le risque de montées à graine augmente très fortement pour des semis réalisés dans la première quinzaine de mars : 70 % de risque sur le secteur côtier et 40 % pour les autres secteurs.
2. Situation vis à vis de la jaunisse virale
Grâce au retour des semences traitées avec des NNI, 85 % des parcelles en 2021 dans le Nord - Pas-de-Calais, l’impact de la jaunisse virale a été limité.
Seules les situations en traitement de semences F8 ont subies des dégâts amplifiés par un mauvais contrôle des pucerons en végétation.
Pour 2022, si la dérogation est acceptée, nous vous conseillons, dans le respect de la réglementation, de choisir majoritairement les néonicotinoïdes.
3. Un point sur le PNRI
Le Plan National de Recherche et d'Innovation est mis en place pour trouver des solutions alternatives aux néonicotinoïdes pour lutter contre les pucerons vecteurs des jaunisses virales de la betterave.
4. Adaptation des conseils pour la fertilisation azotée en 2022
Du fait du contexte de prix élevés des engrais, des minorations d’au maximum 40 kgN/ha de la dose conseillée peuvent être envisagées dans certaines situations. Ce choix doit se faire sur la base du prix d’achat de l’engrais, du prix de vente espéré des betteraves, de la dose conseillée, et du potentiel de rendement sur lequel l’impact estimé d’une réduction de 40 kgN/ha est donné dans le tableau suivant :
Dose conseillée | Perte de rendement estimée pour une réduction de 40 kgN/ha de la dose conseillée |
40 | -6,6 % |
60 | -4,8 % |
80 | -3,1 % |
≥100 | -1,3 % |
La première étape reste donc de déterminer la dose conseillée avec justesse pour éviter les surcoûts liés aux engrais, et se positionner dans une situation fiable, pour décider ensuite d’un ajustement ou non.
Pour cela, la réalisation d’un reliquat à la parcelle, sur trois horizons (sauf sols superficiels), et l’utilisation de l’outil Azofert® sont des indispensables à respecter.
5. Évolution de la cercosporiose
Traditionnellement les maladies du feuillage dominantes dans le Nord-Pas de Calais ont toujours été la rouille et l’oïdium, mais depuis 2018, le renouvellement de la protection fongicide pour le T2 se faisait sur la cercosporiose, ce qui malgré tout ne laissait pas présager une montée en puissance aussi rapide de cette maladie cryptogamique.
Pour 2021, la situation est vraiment inédite, l’apparition des maladies a été tardive, mais c’est la cercosporiose qui a été largement présente. Dans 87 % des parcelles du réseau d’observation, RESOBET FONGI, les premiers traitements fongicides ont été déclenchés à cause de la cercosporiose. Les conditions climatiques ont ensuite été très favorables à son développement.
Dans de telles conditions, pour conserver un feuillage sain jusqu’à la récolte, cela nécessitait :
- De choisir une variété tolérante pour les arrachages tardifs
- De traiter au bon moment en respectant les seuils (méthode IPM)
- D’adapter le programme de traitement à la présence de cercosporiose.