Article co-écrit par Fabienne Maupas (ITB) et Fernand Roques (FNAMS)

Parmi les zones de production de betteraves sucrières, la région Centre-Val de Loire est la seule où se côtoient des betteraves racines et porte-graine (sucrières, potagères). La superposition des cultures dans leur calendrier cultural écarte toute possibilité de limiter les réservoirs viraux par l’absence de betteraves cultivées durant une partie de l’année. En effet, les betteraves sucrières cultivées pour leurs racines sont semées au printemps et récoltées à l’automne, tandis que les betteraves porte-graine sont semées l’été et récoltées l’été de l’année suivante. Les pucerons vecteurs de jaunisse qui ont deux pics de vol dans l’année, au printemps et à l’automne, acquièrent les virus de la jaunisse sur les betteraves sucrières à l’automne, contaminent les jeunes betteraves porte-graine et le phénomène inverse se déroule au printemps suivant pour contaminer les nouvelles betteraves racines. Ainsi, l’arrêt des néonicotinoïdes a fragilisé les deux filières qui voient leurs rendements sucrier ou grainier affaibli par la jaunisse. Pour faire face à cette situation, le Comité de Coordination Technique du PNRI a proposé de mettre en place un Plan d’action pour co-protéger les deux cultures de betteraves qui cohabitent dans le département d’Eure-et-Loir. Ce Plan d’action implique l’ensemble des acteurs qui se concertent pour mettre en place des mesures de protection renforcée et optimiser le choix des parcelles sur lesquelles implanter les différentes cultures en fonction de la position des parcelles en place et de leur état sanitaire.  C’est ainsi qu’au printemps 2024, Tereos et Cristal Union ont accompagné leurs agriculteurs pour mettre en place une protection renforcée de leurs parcelles en complétant la protection aphicide avec des solutions testées au cours des 3 années du PNRI. Au total, 457 ha de plantes compagnes ont été déployées, 280 ha de granulés Agriodor, sur 74 parcelles de betteraves sucrières. Les solutions sont mises en place en bandes afin d’évaluer leur efficacité par rapport à la protection aphicide de l’agriculteur. Les premiers symptômes de jaunisse sont apparus le 10 juin 2024 dans cette zone, une surveillance de chaque parcelle est en place pour suivre l’évolution des symptômes. En complément, les établissements semenciers ont fait traiter toutes les parcelles de multiplication de semences en avril, dès que les premiers pucerons ont été observés en parcelles de betteraves sucrières. La même concertation sera mise en place pour protéger les betteraves porte-graine cette automne. La FNAMS, devenue en 2024 partenaire du projet FPE-C, mettra également en place des expérimentations pour tester les solutions les plus prometteuses identifiées sur betteraves sucrières afin de contrôler les populations de pucerons pendant l’automne.