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Expérimentation : est-il préférable de compter les pucerons ou les plantes infestées ?

Dans le cadre d’essais factoriels visant à évaluer l’efficacité de traitements aphicides, deux types de mesure relative à la présence de pucerons sont possibles : (i) le nombre de pucerons sur un échantillon de plantes de betterave, (ii) le nombre de betteraves infestées (avec au moins un puceron) dans cet échantillon. Les auteurs présentent ici les résultats d’une analyse statistique permettant d’évaluer les conséquences d’utiliser l'une ou l'autre de ces mesures.

 

Article rédigé par Armand Favrot et David Makowski, INRAE

 

Ces deux types de comptage sont réalisés sur un échantillon de N betteraves, généralement égal à 10 (et 3 répétitions). Les deux types de mesure ne demandent pas le même effort de la part des techniciens et il est souvent nettement plus simple de compter le nombre de betteraves infestées que le nombre de pucerons. En effet, compter un nombre de pucerons peut s’avérer fastidieux, surtout en période de forte infestation (jusqu’à 600 pucerons sur 10 betteraves), mais également lorsque le stade de développement des betteraves est avancé (les pucerons se dissimulent alors dans les plis des feuilles et sont difficiles à détecter). Compter un nombre de plantes avec au moins un puceron est en revanche beaucoup plus simple, mais n’apporte pas toujours une information permettant de distinguer les traitements expérimentaux, en particulier lors de fortes infestations car, dans ce cas, la quasi-totalité des plantes est infestée quel que soit le traitement considéré.

 

Nous présentons ici les résultats d’une analyse statistique permettant d’évaluer les conséquences d’utiliser les mesures de type (ii) par rapport aux mesures de type (i). Nous considérons les stratégies suivantes : 

 

 

-    S1 (nombre de pucerons à trois dates) : comptage du nombre de pucerons sur 10 betteraves à trois dates (au moment du traitement, 6 jours après, 12 jours après) 

-    S2 (nombre de plantes infestées à trois dates) : comptage du nombre de plantes infestées parmi 10 betteraves aux mêmes dates que S1

-    S3 (comptage hybride sur 10 betteraves) : comptage du nombre de pucerons sur 10 betteraves au moment du traitement et 6 jours après, et comptage du nombre de betteraves infestées parmi 10 betteraves 12 jours après le traitement

-    S4 (comptage hybride sur 10 puis 20 betteraves) : comptage du nombre de pucerons sur 10 betteraves au moment du traitement et 6 jours après, et comptage du nombre de betteraves infestées parmi 20 betteraves 12 jours après le traitement

 

 

Nous générons (un grand nombre de fois) des données selon chacune de ces stratégies avec un modèle statistique (Laurent et al. Assessment of Non-Neonicotinoid Treatments Against Green Aphids on Sugar Beets by Anabelle Laurent, Armand Favrot, Fabienne Maupas, Cédric Royer, David Makowski :: SSRN) puis nous évaluons la précision des niveaux d’efficacité de traitements aphicides estimés sous chaque stratégie. Le diagramme ci-dessous résume la procédure.

 

 

Les résultats montrent que l’erreur relative d’estimation de l’efficacité des traitements aphicides (% de réduction du nombre de pucerons induit par un traitement par rapport à des plantes non traitées) diminue avec le nombre d’essais. Elle passe d’environ 35-45% avec 20 essais expérimentaux (sites-années) à seulement 20-25% avec 80 essais. Six jours après le traitement aphicide, l’erreur est nettement plus forte avec la stratégie 2, c’est-à-dire en ne mesurant que le nombre de plantes infestées sur 10 betteraves, mais le niveau d’erreur est similaire avec les trois autres stratégies. Douze jours après le traitement, la stratégie 1 conduit aux erreurs les plus faibles, suivie de la stratégie 4, puis des stratégies 2 et 3.    

 

Ces résultats montrent qu’on obtient souvent des estimations plus précises en mesurant le nombre de pucerons par rapport au nombre de plantes infestées, mais qu’une stratégie hybride combinant comptage de pucerons sur 10 betteraves puis comptage de plantes infestées sur 20 betteraves constitue une bonne alternative. L’approche proposée pourrait être utilisée à l’avenir pour tester d’autres stratégies de comptage en tenant compte des moyens humains disponibles.

 

 

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