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Essais de lutte contre les pucerons sur betteraves porte-graine durant l’automne 2022

Les betteraves porte-graine présentent un cycle différent des betteraves sucrières car elles sont semées en fin d’été et les semences sont récoltées quasiment un an plus tard. Ce décalage de cycle a permis de réaliser des essais de lutte contre les pucerons durant l’automne 2022, afin de gagner de précieux mois d’expérimentation entre deux campagnes de betteraves sucrières, et ainsi avancer plus rapidement sur la recherche de solutions contre ces ravageurs.

 

Article rédigé par Benjamin Coussy, ingénieur d'étude à la FNAMS

 

Les essais conduits par la FNAMS et les établissements semenciers sur betteraves porte-graine ont été conçus en collaboration avec l’ITB, afin de bénéficier de l’expérience acquise durant le PNRI. Trois essais ont ainsi été mis en place dans le secteur de la Beauce, ces essais visant à étudier l’effet de deux facteurs croisés sur les populations de pucerons verts . Le premier facteur correspondait à l’utilisation ou non d’avoine en tant que plante compagne et le second facteur à l’utilisation d’insecticides de synthèse ou de biocontrôle (tableaux 1 et 2).

 

 

Tableau 1 : Modalités étudiées dans l'essai n°1. * f = feuilles; ** v = volume de bouillie

 

Dans le premier essai placé dans une parcelle de multiplication de semences du Loiret, différents produits insecticides ont été testés. La référence chimique était le spirotétramate et les produits de biocontrôle étaient le champignon entomopathogène Lecanicillium muscarium et une huile de paraffine. La plante compagne était de l’avoine semée dans l’inter-rang uniquement, celle-ci a été détruite au stade 6-8 feuilles de la betterave le 27/10/22. En tout, 4 notations ont été réalisées entre le 05/10/22 et le 08/11/22 pour dénombrer les populations de pucerons verts aptères et ailés.

 

 

Photo 1 : Association de l’avoine semée dans l’inter-rang de la betterave, le 24/10/22 (3 jours avant destruction chimique)

 

Tableau 2 : Modalités étudiées dans les essais n°2 et 3
Plante compagneApplications insecticides
AvoineProgramme agriculteur
AvoineNon traité
SansNon traité
SansProgramme agriculteur

 

* = 3 applications insecticides homologuées

 

Dans les essais n°2 et 3, placés respectivement sur une parcelle du Loir-et-Cher et une parcelle d’Eure-et-Loir, le facteur plante compagne a été croisé avec un facteur programme insecticide : sans aucun traitement insecticide ou programme classique de l’agriculteur. Le programme réalisé dans l’essai n°2 n’est pas encore connu en détail (données à récupérer auprès de l’agriculteur) mais il se base a priori sur 3 applications aphicides parmi les substances actives actuellement autorisées sur les usages porte-graine (spirotétramate, flonicamide, pyréthrinoïdes). Le programme de l’essai n°2 était quant à lui composé d’une application de flonicamide puis de deux applications de spirotétramate, entre le 06/10/22 et le 05/11/22. Un adjuvant a été employé lors de chaque traitement. Dans ces essais, l’avoine a été semée en plein et détruite chimiquement au stade 6-8 feuilles de la betterave pour l’essai n°2 et 10 feuilles pour l’essai n°3.

 

Un effet très intéressant de l'avoine en plante compagne 

 

La figure 1 synthétise les résultats de l’essai n°1 en ce qui concerne les populations de pucerons verts aptères et ailés pour les 4 dates de notations. L’analyse statistique conduite est un modèle linéaire mixte généralisé (GLMM) prenant en compte la date de notation comme facteur aléatoire. Cet essai montre qu’en absence d’avoine, le champignon L. muscarium est sensiblement moins efficace, alors que les autres modalités ne sont pas statistiquement différentes entre elles. En présence d’avoine, les 4 modalités produits ne sont pas statistiquement différentes mais les populations de pucerons ont été fortement réduites par rapport aux modalités en betterave seule.

 

 

Figure 1 : Effet de la combinaison de facteurs (plantes compagnes * produits) sur le nombre moyen de pucerons verts (aptères + ailés) pour 10 betteraves (essai n°1 ; croix rouges = moyenne ; points noirs = valeurs extrêmes)

 

Dans l’essai n°2, il a été observé un effet significatif du programme insecticide réalisé par l’agriculteur, mais pas d’effet statistique de l’utilisation de l’avoine (figure 2). Néanmoins, la p-value associée à ce dernier facteur est extrêmement proche du seuil α=5% (p = 0,055), ce qui nous laisse penser que l’avoine a malgré tout permis de réduire les populations de pucerons. Cet effet bénéfique de l’avoine est par ailleurs observé dans l’essai n°3, qui montre à la fois un effet significatif de la plante compagne mais aussi du programme insecticide (figure 2). La grande variabilité des niveaux de populations observée sur la figure 2 est liée à la prise en compte de toutes les dates de notations sur chacun des essais Toutefois, cette variabilité a été introduite dans l’analyse statistique (modèle linéaire mixte généralisé : GLMM).

 

 

Figure 2 : Effet de la combinaison de facteurs (plantes compagnes * programme insecticide) sur le nombre moyen de pucerons verts (aptères + ailés) par betterave (à gauche = essai n°2 ; à droite = essai n°3)

 

Perspectives et améliorations des stratégies de protection des betteraves porte-graine

 

Comme attendu suite aux travaux effectués sur betterave sucrière dans le PNRI, l’avoine utilisée en plante compagne a clairement montré son efficacité pour mieux gérer les populations de pucerons dans deux des trois essais conduits, et son utilisation peut encore être précisée. En effet, il semble que le semis d’avoine uniquement dans l’inter-rang de la betterave puisse produire un effet équivalent à un semis en plein, ce qui permettrait de faciliter l’implantation tout en réduisant la concurrence et le coût de mise en place. Ce coût pourrait également être réduit en utilisant une céréale moins coûteuse comme de l’orge (d’après les résultats de l’ITB dans le PNRI, l’efficacité de plantes compagnes ne semble pas spécifique à l’avoine mais peut être observée avec d’autres céréales). Enfin, la destruction chimique de la céréale peut potentiellement s’intégrer dans la conduite de désherbage habituelle de l’agriculteur sans engendrer de dépense supplémentaire, en veillant néanmoins à détruire la plante compagne au bon stade (6-8 feuilles de la betterave maximum). Cependant, d’autres facteurs potentiellement limitants doivent également être intégrés dans la réflexion autour de l’utilisation d’une céréale en tant que plante compagne, comme par exemple la gestion du système sur des parcelles pouvant présenter des graminées adventices résistantes aux herbicides homologués.

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