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L'impact des plantes compagnes sur les pucerons, la jaunisse et le rendement betteravier

ITB National ·

Associer des plantes compagnes aux betteraves est l’un des leviers testés en 2021 sur le réseau des Fermes Pilotes d’Expérimentation (FPE) du PNRI, pour réduire les populations de pucerons vecteurs de la jaunisse. Les plantes compagnes permettraient de réduire les pucerons sur betteraves. Elles pourraient aussi avoir un effet négatif sur le rendement si leur développement n’est pas maîtrisé.

Moins de pucerons sur betteraves

Les résultats des plantes compagnes sur les populations de pucerons verts aptères ont été décrits dans un précédent article. Sur la majorité des essais (six essais sur huit), l’avoine a permis de réduire le nombre de pucerons sur betteraves. Pour les légumineuses, une tendance à la réduction des pucerons dans la modalité associée a été observée, mais les dégâts liés au gel et aux programmes de désherbage des betteraves n’ont pas permis d’évaluer correctement leur effet. En 2022, de futurs essais permettront de mieux cerner les mécanismes en jeu vis-à-vis des pucerons et de la jaunisse. En fonction des résultats, les conduites pourront être adaptées, et ce levier pourra être combiné à d’autres (ex : traitement aphicide, lâchers d’auxiliaires, variétés résistantes) pour réduire les populations de pucerons sur betteraves. 

 

Un effet sur la jaunisse difficile à évaluer

 

Six essais sur douze présentaient des symptômes de jaunisses marqués dans le témoin sans aphicide. Sur deux de ces sites, les symptômes étaient réduits dans la modalité associée (Nojeon-en-Vexin - 27, Bernay-en-Ponthieu - 80). Aucune différence n’a été montrée sur les autres sites, parfois même dans des cas où un effet sur les populations de pucerons a été observée (ex : Trinay - 45). Il est difficile de conclure définitivement quant à l’effet des plantes compagnes sur la jaunisse. La poursuite des travaux est indispensable.

 

 

FPE de Bernay-en-Ponthieu (80 - Tereos), avec de l’avoine en plante compagne

 

Des résultats variables sur le rendement

 

L’année 2021 est une année optimale pour ne pas observer de concurrence entre les plantes compagnes et les betteraves du fait d’une bonne fourniture en eau et en azote pendant la période où les espèces étaient associées. Malgré ces conditions, des pertes de rendement assez importantes (environ 15t/ha) ont été constatées à Clermont-Les-Fermes (02), Ostreville (62) et Craonne (02), mais pas sur les autres sites.

Comparaison de la productivité des betteraves (t/ha) avec et sans plantes compagnes. Des lettres différentes indiquent que le rendement est différent pour les modalités concernées (Modèle Linéaire Généralisé).

 

Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces différences de rendement. La période de destruction tardive de l’avoine sur les sites de Craonne (02) et d’Ostreville (62) pourrait expliquer les écarts de rendement observés entre les modalités. Sur les sites de Les Attaques (62) et Nojeon-en-Vexin (27) où il n’y a pas eu de perte de rendement, la destruction est intervenue plus précocement. La densité en avoine était également plus faible à Nojeon-en-Vexin dû à des dégâts de gel à la levée. Cela pourrait expliquer pourquoi le rendement betteravier n’a pas été impacté. Toujours sur ce site, dans une zone témoin touchée par la jaunisse (non décrite dans le tableau), le rendement betteravier était plus faible que dans la modalité avec plantes compagnes. Cela illustre un potentiel intérêt des plantes compagnes dans des conditions qu’il faudra bien déterminer. Sur le site de Bernay-en-Ponthieu (80), toutes les conditions semblaient réunies pour que l’avoine affecte le rendement des betteraves : une densité de semis élevée (40 kg/ha) et une destruction au stade 8 feuilles des betteraves. Pourtant, le rendement betteravier est faiblement impacté par la plante compagne. Cet exemple contraire souligne le besoin de mieux comprendre comment les conditions de conduites et de développement peuvent influencer le rendement betteravier et les populations de pucerons.
Compte-tenu du mauvais développement global des légumineuses, peu d’essais ont permis d’évaluer leur impact sur le rendement des betteraves. Cela n’exclut pas pour autant que les légumineuses puissent avoir un effet de concurrence. Par exemple, le pois semé à Clermont-Les-Fermes (02) avec une densité a priori élevée et détruit tardivement, a impacté le rendement des betteraves.

 

Perspectives pour la campagne 2022

 

Durant la prochaine campagne, des essais seront reconduits pour consolider et approfondir ces premiers résultats encourageants. L’optimisation des itinéraires techniques des plantes compagnes constituera un axe majeur, pour identifier ceux qui permettraient de réduire les symptômes de jaunisse sans concurrencer les betteraves. Des densités de semis plus faibles, un semis plus tardif et une destruction plus précoce seront testés sur des dispositifs en micro-parcelles, sur des plateformes expérimentales ou directement sur les FPE. Ces différentes conduites seront testées sur l’avoine et la féverole principalement, mais les autres espèces de plantes compagnes seront également testées (féverole, vesce, fenugrec et pois) avec une seule conduite a priori non défavorable aux betteraves. Enfin, sur quelques situations, ce levier sera déployé sur des surfaces plus grandes (environ 1,5 ha par essai) pour consolider ces résultats en conditions réelles de production.

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