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Des avancées dans la connaissance des charançons

Pour lever certaines questions sur le cycle du charançon, l’ITB s’est donné pour mission de suivre le cycle du charançon au champ en 2022. Des captures d'adultes réalisées tout au long de la saison et des relevés de la mortalité larvaire ont permis de surveiller l’arrivée et l’évolution des charançons dans les parcelles. Les résultats montrent que le taux de survie des pontes au printemps n'est que de 12 % et confirment que le ravageur ne réalise qu’une seule génération par an avec une émergence des nouveaux adultes en juillet.

Le charançon de la betterave, Lixus juncii, est un coléoptère ravageur qui s’attaque à la betterave sucrière depuis son arrivée dans la plaine des Limagnes en 2010. Les galeries creusées par les larves mineuses peuvent entraîner des pertes de rendement importantes en favorisant l’entrée de champignons. Les connaissances sur cette espèce s’étoffent progressivement, mais de nombreuses zones d’ombre ralentissent le développement de solutions de lutte efficaces. Les travaux menés en 2022 visent à faire progresser encore la connaissance du bioagresseur.

Captures de charançons adultes

L'ITB a suivi différentes parcelles dans les départements du Loiret, de la Seine et Marne et de l’Yonne. Les captures ont été réalisées plusieurs fois par mois entre mai et octobre pour couvrir toute la période d’activité du ravageur. Les insectes ont été cherchés à vue sur les feuilles des betteraves ou au niveau des collets. Tous les individus trouvés ont ensuite été sexés sous loupe binoculaire. 

Les premières observations de L. juncii aux abords des champs de betterave sucrière ont été signalées dès la mi-avril, mais les captures dans les parcelles n’ont débuté qu’à partir du 9 mai. Les températures douces du début d’année et le pic de chaleur qui a suivi au début du mois de mai peuvent très probablement expliquer l’arrivée précoce du ravageur. Dès les premières captures, de nombreux couples ont été observés sur les betteraves et les premières pontes ont été constatées quelques jours après. Un premier pic de captures a été atteint en juin, avant une brusque diminution début juillet. Sur cette première période, 262 charançons ont été capturés dont 43 % de femelles.

Durant la deuxième partie de juillet, le nombre de captures a réaugmenté jusqu’à atteindre un second pic en septembre, avec un changement dans le profil des individus capturés. Contrairement aux individus bruns trouvés durant la première période, ceux capturés pendant l’été présentaient une couleur orangée. Cette couleur est liée à une poudre de la même couleur qui se dépose sur les individus et qui se détache facilement lorsque les insectes se frottent contre des obstacles. Ce changement de couleur et l’augmentation du nombre de captures sur cette période marquent donc le début de l’émergence des adultes de la nouvelle génération. Aucun accouplement n’a été observé à partir de juillet. En octobre, le nombre de captures a de nouveau chuté alors que les parcelles commençaient à être arrachées. Sur cette deuxième période, 471 charançons ont été capturés dont 47 % de femelles. Soit au total sur toute la période culturale, 733 charançons dont 350 femelles et 383 mâles sur toute la saison.

En disséquant les femelles, il est possible de connaître le stade de maturation de leur appareil reproducteur, ce qui permet de discriminer une femelle arrivée au printemps (mature sexuellement) d’une femelle qui aurait émergé durant l’année (immature sexuellement). Les précédentes études avaient pu montrer que celles capturées à partir de juillet étaient immatures et donc incapables de pondre et de provoquer de nouveaux dégâts avant le printemps suivant, appuyant l’hypothèse que le charançon ne produit qu’une seule génération par an. Les observations de terrain faites en 2022, dont l’apparition d’individus plus clairs et l’absence d’accouplement durant cette période viennent soutenir cette hypothèse. L’analyse de l'appareil reproducteur des femelles, prévue dans les prochains mois, permettra de la valider définitivement. Elle permettra également de savoir si les accouplements débutent avant l’arrivée des individus dans les betteraves. Dans le cas où l’accouplement a lieu dans les parcelles, une stratégie de lutte basée sur de la perturbation sexuelle pourra être envisagée. Un article dédié aux résultats de dissection des femelles sera publié prochainement.

Mortalité des œufs et des larves de charançon

Suite au constat sur le terrain que de nombreuses pontes de charançons ne donnaient pas de larve, l’ITB a collecté plusieurs centaines de pétioles dans lesquelles les femelles charançons avaient pondu afin de quantifier la mortalité naturelle des œufs et des larves au champ. Chaque pétiole a été ouvert au niveau de chaque trou de ponte afin de voir si une galerie en partait, indiquant que l’œuf avait éclos. Puis chaque galerie a été ouverte de bout en bout pour voir si la larve était morte, vivante ou parvenue à atteindre la racine. 

Les 436 pétioles échantillonnés présentaient au total 874 trous de ponte. Seul un tiers des pontes ont donné lieu à une galerie, soit une mortalité des œufs de 68 %. Pour les œufs éclos, dans 39 % des cas les larves étaient encore vivantes ou parvenues à atteindre la racine, ce qui représente une mortalité globale de 88 % des charançons dans les pétioles (figure 1).

 

Proportion de trous de ponte selon la survie des stades œuf et larve

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette importante mortalité comme la régulation des œufs ou des larves par des auxiliaires prédateurs ou parasitoïdes ou leur sensibilité aux conditions climatiques. En effet, plusieurs dizaines d’auxiliaires parasitoïdes ont été retrouvés dans les galeries où les larves de charançon étaient mortes (figure 2). Un article dédié à ce sujet sera publié prochainement.

Trou de ponte de L. juncii percé par un auxiliaire (gauche) et nymphe de parasitoïde dans une galerie de charançon (droite)

D’autres facteurs environnementaux ont pu fortement réduire la survie des individus dans les pétioles comme les conditions particulièrement chaudes et sèches et les épisodes orageux très violents. Cependant, les conditions climatiques de 2021 ont été très différentes avec beaucoup de pluie et des températures plus basses, et avec un faible nombre de galeries dans les racines également malgré un nombre de pontes important. L’étude de la mortalité des œufs et des larves sur plusieurs saisons est donc nécessaire pour identifier clairement les facteurs environnementaux qui en sont à l’origine.

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