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Diagnostic viral de la jaunisse : que fait l’ITB ?

ITB National ·

Depuis l’interdiction des néonicotinoïdes, l’analyse du pouvoir virulifère des pucerons est au cœur des enjeux de la filière betteravière. Elle est d’autant plus prégnante avec la forte pression de pucerons de 2020. Faut-il réaliser des diagnostics viraux sur les vecteurs de la jaunisse des betteraves ? Quid de leur complémentarité avec les réseaux de surveillance des pucerons ? Et quelle méthode utiliser ?

Faut-il tester toutes les zones de production ?

 

Non.

Dans les années 80, avant l’arrivée des néonicotinoïdes, des parcelles de betteraves étaient atteintes par la jaunisse tous les ans en zone littoral alors que la pression était beaucoup plus faible dans les zones plus continentales. L’hiver doux en bordure maritime ne permet pas de détruire les pucerons aptères et les virus continuent de se maintenir sur des plantes réservoirs. Réaliser des analyses virales dans ces zones est donc inutile : les virus y restent présents chaque hiver.

En revanche, ces analyses peuvent avoir un intérêt dans les zones plus continentales où les hivers froids sont susceptibles de détruire les hôtes/porteurs des virus.

 

Pourquoi ne pas tester avant de traiter ?

 

Parce que c’est compliqué à l’heure actuelle : les analyses coûtent cher, les résultats arrivent trop tard et les résultats ne sont pas toujours très fiables.

Deux type de test existent : les sérologiques et les moléculaires.

Les premiers, les tests sérologiques, les moins coûteux, peuvent être réalisés par l’ITB. Il existe un même sérum pour les virus BMYV et BChV sans possibilité de les distinguer, et un sérum spécifique pour le BYV. Les tests sérologiques sont une réaction de l’antigène viral avec des anticorps. Or, les différentes préparations et réactifs nécessitent des temps de repos incompressibles : dépôt du premier anticorps, broyat de pucerons, dépôt d’un second anticorps, et enfin dépôt du substrat révélateur qui permet une lecture colorimétrique du résultat au spectrophotomètre. Pour ces raisons, il faut attendre un délai de 4 jours minimum entre l’envoi d’un échantillon et le résultat.

 

Dans la situation atypique de 2020, avec une forte pression de pucerons dans toutes les zones de production betteravière, il était inconcevable de prendre le risque d’attendre un tel délai pour orienter les traitements. Toutefois, l’ITB conserve de nombreux échantillons de pucerons et effectuera un bilan a posteriori.


Quant au second type de tests, les tests moléculaires, ils sont beaucoup plus rapides (2-3 heures selon le nombre de cycles d’amplification du génome viral nécessaires pour la détection) et permettent de distinguer les trois virus séparément. Mais le matériel nécessaire est plus sophistiqué et donc beaucoup plus cher. L’ITB ne dispose pas de cette technologie. Des collaborations sont donc mises en place avec l’INRAE.

A cela s’ajoute des difficultés méthodologiques : il est aisé de réaliser un diagnostic viral sur des feuilles symptomatiques de betteraves, mais l’analyse sur les pucerons est plus complexe à cause du taux de pucerons porteurs. Des études en Angleterre montrent que seulement 0,65 % des pucerons ailés, susceptibles d'apporter le virus, sont réellement porteurs. Depuis 25 ans qu’ils réalisent ces tests, ils n’ont jamais dépassé plus de 5 % de pucerons virulifères. Et pourtant, la culture de betterave est fortement touchée par la jaunisse en Angleterre !

D’autre part, il est important de rappeler que les virus ne sont pas transmis à la descendance. Les aptères qui se reproduisent pas clonage (un puceron en produit une cinquantaine durant sa vie d’environ 20 jours) doivent se nourrir sur une plante malade pour contaminer d'autres plantes. Donc les difficultés d’échantillonnage ne sont pas à négliger.

 

Et dans un avenir proche ?

 

Les méthodes d’amplification isotherme sont des technologies nouvelles qui, après une phase de développement et d’adaptation aux besoins spécifiques de la culture de betterave, pourraient être déclinées sous forme de kits de diagnostic utilisables directement au champ. L’ITB recherche actuellement des collaborations pour mettre au point cette méthode de diagnostic viral en temps réel dans les parcelles de betteraves. Les informations sanitaires ainsi obtenues permettraient de réduire le délai avant la prise de décision.

Une seconde piste de recherche consiste à analyser le risque en fin d’hiver avant l’implantation des betteraves. Les analyses virales seraient réalisées sur les résidus de tas de déterrage, dans les parcelles de betteraves infectées par la jaunisse l’année précédente. Des mesures dans les plantes adventices réservoirs (Mouron blanc, Véronique commune …) peuvent aussi être envisagées.

 

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