Des semis étalés sur plus d’un mois ! Les premiers semis très précoces sont vite interrompus par l’arrivée des pluies au 7 mars, pour ne s’achever qu’au 23 avril. Ce n’est qu’au 28 mars que le taux de 50 % de réalisation est atteint, soit 4 jours plus tard que la moyenne 10 ans. Ce qui constitue déjà un premier handicap sur la productivité finale espérée. On retiendra aussi des pertes de pieds dans 20 % des parcelles qui ont moins de 80 000 pieds/ha. En cause, une profondeur de semis parfois excessive et une recrudescence de taupins et tipules très actifs en raison de l’humidité constante du stade cotylédons à 6 feuilles vraies des betteraves.

La déception de cette campagne provient également d’un niveau de richesse faible qui n’excède pas 17 % et qui ne progressera pas durant toute la campagne. Conséquence d’un cumul de pluies marqué en août et septembre et d’une pression cercosporiose insuffisamment contrôlée pour les arrachages au-delà du 15 octobre.

Enfin, les conditions de récolte seront particulièrement éprouvantes et susciteront des questionnements sur le parc matériel et la compaction des sols.

Retour sur Désher'avenir 8

Au cours de deux demi-journées, Santeau dans le Loiret (45) a accueilli plus de 850 visiteurs pour la 8ᵉ édition de Désherb’Avenir, l’évènement dédié aux solutions de désherbages alternatives au tout chimique. Édition record avec plus de 30 machines en démonstration dynamique, représentées par des bineuses, des herses étrilles/roto-étrilles, des houes rotatives, des robots et des pulvérisateurs de précision.

Au cours d’une visite pédagogique conduite par les experts de l’ITB, les agriculteurs ont pu découvrir les dernières nouveautés proposées par les constructeurs en termes de systèmes de guidage, réglages, technologies innovantes, etc.  Pour chaque type de matériel, les réglages spécifiques à la betterave ont été explicités pour permettre une efficacité de travail optimale.

Récolte en conditions humides et risque de tassement profond

La région Centre-Val de Loire, comme toutes les régions betteravières, a connu des épisodes de précipitations intenses pendant la période d’arrachage. Dans ces conditions, le risque de tassement en profondeur des sols est important. Ce phénomène est préjudiciable, car il entraine des conséquences agronomiques sur le long terme.

Face à cette problématique, de nombreux leviers sont mobilisables, que ce soit avant ou durant la récolte (organisation de chantier, baisse de charge, circulation dans la parcelle, etc.). En effet, le tassement en profondeur n’est pas une fatalité. Il peut être fortement limité en termes de surface impactée et d’intensité en raisonnant correctement son chantier d’arrachage. L’outil Prévibest, disponible en 2024, permettra d’accompagner les agriculteurs dans cette réflexion.
 

Dès le printemps 2023, le renforcement de la vigilance au travers du réseau Alerte Pucerons avait pour objectif de maîtriser la jaunisse virale.

Dans plus de 90 % des parcelles, cet objectif est atteint. Seul, le département d’Eure-et-Loir est de nouveau confronté tardivement à la jaunisse virale, avec des symptômes qui apparaissent au 25 juin et une gravité qui augmente durant tout le mois de juillet. Face à cette situation répétitive, une analyse approfondie a été mise en place dès la période estivale, basée sur l'estimation de la jaunisse par satellite sur l'ensemble des parcelles du département, complétée par des enquêtes sur l'itinéraire cultural des agriculteurs.

Des mesures spécifiques d’accompagnement vont être proposées dès 2024. Elles découleront directement des travaux issus du PNRI et seront partagées par l’ensemble des acteurs des filières betteraves, industrielles et semencières qui cohabitent dans ces mêmes zones de production.

L’irrigation des betteraves dans cette région présente un intérêt économique. L’ITB Centre – Val de Loire montre sur 22 essais conduits (2006-2023), avec des tours d’eau arrêtés aux alentours du 15 août, un gain médian d’environ 1000 €/ha (pour un prix de vente des betteraves à 40 €/t et un coût de l’irrigation à 4 €/mm). L’intérêt de tours d’eau réalisés après le 15 août est très variable, et dépend principalement de la pluviométrie des mois de septembre et d’octobre.

L’année 2024 sera certainement caractérisée par des coefficients d’attribution relativement faibles, et donc une disponibilité en eau moindre pour certains betteraviers. Dans 11 essais mobilisant au maximum 150 mm d’eau, l’ITB Centre – Val de Loire démontre là aussi l’intérêt de l’irrigation, avec des tours d’eau réalisés précocement (avant le 15 juillet).

Le déclenchement des tours d’eau dans les essais conduits est réalisé grâce à l’Outil d’Aide à la Décision Irribet, disponible gratuitement sur le site internet de l’ITB.

Dans le cadre du projet STRAT’EAU, financé par FranceAgriMer, l’ITB travaille actuellement sur un modèle visant à réaliser de l’expérimentation virtuelle. Le paramétrage et l’évaluation de la qualité de ce modèle seront réalisés dans le courant de l’année 2024. L’objectif est d’avoir la capacité de tester l’intérêt économique d’une diversité de scénarios avec des contraintes choisies (période d’irrigation, quantité d’eau disponible, etc.).

Alerte Maladies est un outil gratuit qui permet de localiser les parcelles et voir le nombre de traitements préconisés en fonction du risque actuel. Les pluviométries et l’absence de températures excessives ont permis à la cercosporiose de se développer tout au long de l’année. En effet, elle a été gérée jusqu’en août avec la protection phytosanitaire, mais elle a continué de se développer en septembre et octobre avec les températures douces, et l’hygrométrie.

Pour contrôler efficacement la cercosporiose, la stratégie à adopter doit être globale. Celle-ci commence par la gestion de l’inoculum en enfouissant les résidus, par retourner les cordons de déterrage et allonger sa rotation (minimum 3 ans). Le deuxième levier est le choix des variétés : les tolérantes permettent de maintenir la productivité jusqu'en fin de campagne quel que soit le climat automnal. Enfin, le choix de produits efficaces, aux bonnes doses, l’ajout systématique de l’Airone SC (750 g/ha) et le bon positionnement des traitements par rapport à l'arrivée et au développement de la cercosporiose, sont les autres éléments essentiels au contrôle de la maladie.